L’innovation révolutionne la prise en charge des cancers du poumon

Dr David Planchard, pneumo-oncologue et chef du comité de pathologie thoracique de l’Institut Gustave Roussy.

Deux avancées majeures ont marqué un tournant dans la prise en charge des cancers bronchiques : les thérapies ciblées, qui visent certaines anomalies moléculaires, et l’immunothérapie, qui réveille et stimule le système immunitaire. En permettant de soigner des maladies différentes, ces traitements sont complémentaires dans notre arsenal thérapeutique. En effet, les thérapies ciblées s’adressent davantage à des patients peu ou non fumeurs chez qui le cancer est plus fréquemment lié à une anomalie moléculaire. Tandis que les fumeurs répondent davantage à l’immunothérapie.

Cette médecine de précision a multiplié par deux, voire trois, la survie des patients diagnostiqués à un stade avancé. Il est désormais fréquent de suivre des patients à plus de trois ans, voire cinq ans du diagnosticd’une maladie à un stade avancé. Si la guérison n’est pas encore atteinte, le pas franchi est considérable. Il l’est également concernant la qualité de vie des patients, qui voient leurs symptômes contrôlés. Ils peuvent arrêter leur traitement contre les douleurs liées à la maladie, retrouver leur souffle par exemple et reprendre une activité sociale et professionnelle.

Le prochain challenge est donc la mise en place du dépistage du cancer pulmonaire pour le diagnostiquer à un stade opérable.

L’immunothérapie est aujourd’hui indiquée chez des patients à un stade avancé de la maladie ou non opérables (après radio-chimiothérapie) ; la prochaine étape est de pouvoir en faire bénéficier les patients atteints d’une maladie opérable pour éviter les rechutes, après ou avant la chirurgie. C’est aussi au stade local que se joue un enjeu important : le dépistage. Plus le cancer est détecté tôt, plus les traitements ont de chances de fonctionner et de pouvoir guérir les patients. Le prochain challenge est donc la mise en place du dépistage du cancer pulmonaire pour le diagnostiquer à un stade opérable. Des études montrent la réduction du risque de mortalité par cancer pulmonaire, notamment chez les patients fumeurs, avec la réalisation d’un scanner annuel basses doses. Ce dépistage pourrait être mis en place à l’échelon national dans des centres de référence avec des méthodologies adéquates. Il ne manque plus que le feu vert des autorités.

Article extrait du dossier Grand Angle réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde

Photo : DR