Un nouvel environnement pour le cancer du poumon

Une population plus féminine et plus jeune, des innovations thérapeutiques porteuses d’espoir : les cancers bronchiques connaissent de nombreuses évolutions.

Le point avec le Pr Jacques Cadranel, pneumologue à l’hôpital Tenon, à Paris.

Qui sont les patients souffrant de cancer du poumon ?

En 2017, 48 000 cancers du poumon étaient estimés. Un chiffre qui ne cesse de progresser pour cette pathologie qui touche davantage de non-fumeurs, parfois des patients très jeunes et qui, surtout, se féminise. A tel point qu’en Europe et aux Etats-Unis le cancer du poumon est devenu la première cause de décès par cancer chez les femmes, devant celui du sein. Ce phénomène se profile également en France. Un tabagisme important, historiquement plus tardif, un début de consommation plus précoce, mais aussi plus intense, et peut-être une susceptibilité particulière par rapport aux hommes pourraient être des causes de cette augmentation. De nombreuses études s’intéressent au sujet.

En Europe et aux Etats-Unis le cancer du poumon est devenu la première cause de décès par cancer chez les femmes, devant celui du sein. – Pr Jacques Cadranel

Quels sont les moyens pour réduire le risque de cancer du poumon ?

La prévention est le premier levier pour diminuer le tabagisme et repousser l’âge de la première cigarette. Pour cela, la Fondation du Souffle a mis en place le concours #JEMIMPOSEQUAND * , diffusé sur les réseaux sociaux et animé par des influenceurs à l’occasion de la Journée mondiale sans tabac. Des mesures politiques telles que la gratuité des substituts nicotiniques et le paquet neutre sont des points intéressants. L’augmentation du prix du tabac, quant à elle, pour être efficace, doit être rapide et importante. Malheureusement, il n’existe pas de régulation européenne sur ce point.

Comment abaisser la mortalité liée à cette maladie ?

Le dépistage précoce mais aussi l’innovation thérapeutique sont des armes indispensables. Au stade précoce, la chirurgie robotisée permettra d’améliorer la qualité de la résection et d’économiser du tissu. Le CyberKnife, appareil de radiothérapie stéréotaxique robotisée, pourrait entrer en concurrence avec la chirurgie. Selon une étude récente, l’immunothérapie apporterait, après plus de trente ans de déceptions, une efficacité supplémentaire (survie globale) en association à la chimiothérapie dans le cancer bronchique à petites cellules métastatique. Mais c’est dans les stades avancés des cancers bronchiques non à petites cellules que l’immunothérapie, comme les thérapies ciblées, apportent de véritables bénéfices sur la survie chez les patients répondeurs. Des innovations qui bouleversent la prise en charge mais soulèvent également de nombreuses questions : quand prescrire ces traitements ? Chez quels patients ? Et à quel prix ?

Gézabelle Hauray

*Avec le soutien institutionnel du laboratoire Roche.

Article extrait du dossier Grand Angle – Spécial maladies respiratoires, réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde daté du 26 janvier 2019