MIEUX PRÉVENIR ET MIEUX TRAITER

Chaque année le nombre de personnes souffrant d’allergies respiratoires est en hausse. Près de 20 % de la population française serait déjà touchée. Des traitements efficaces existent mais une partie des patients n’est pas ou est mal diagnostiquée.

Prévention, diagnostic plus précoce et outils pour améliorer l’observance des traitements permettraient d’enrayer la progression de cette maladie et de redonner une meilleure qualité de vie aux patients. De plus en plus de personnes souffrent de rhinites allergiques ou d’asthme. Changements de mode de vie, réchauffement climatique, importation de nouvelles espèces de plantes… le Pr Michel Aubier, chef du service pneumologie à l’hôpital Bichat en détaille les raisons.

Pourquoi les allergies respiratoires sont plus nombreuses et plus sévères aujourd’hui ?

Tout d’abord, du fait du réchauffement climatique, les saisons polliniques sont de plus en plus longues en France. Elles commencent plus tôt et finissent plus tard. Les quantités de pollen auxquelles nous sommes exposés sont plus importantes. Mais les allergènes sont aussi présents à l’intérieur des locaux. Pour des économies d’énergie ils sont mieux isolés mais moins ventilés, plus chauds, et les climatisations sont parfois mal entretenues. Acariens et moisissures se développent.

Réagissons-nous aussi différemment ?

Oui, tout à fait. Plusieurs travaux ont démontré que dans les premiers mois de vie, nous sommes exposés à moins de virus, moins d’endotoxines bactériennes, avec le développement des mesures d’hygiène. Ce qui n’est pas mauvais en soi mais, du coup, le système immunitaire s’oriente plus vers des phénotypes allergiques. Les raisons de cette montée des allergies respiratoires sont donc multifactorielles.

Quels sont les allergènes majeurs en France ?

Acariens, pollens de graminées… Nous voyons aujourd’hui beaucoup d’allergies au bouleau, arbres que les villes ont beaucoup plantés. Et également des allergies à l’ambroisie dans la vallée du Rhône. C’est une herbe très présente aux Etats-Unis, dont le pollen a dû être transporté par les avions jusqu’en Europe. Le seul moyen de diminuer l’exposition aux pollens est d’arracher ces herbes avant leur floraison.

Que faudrait-il faire pour prévenir ces allergies ?

Il faut bien informer les patients et les professionnels de santé sur ces manifestations allergiques ainsi que sur les conduites à tenir pour les minimiser. Par exemple, pendant la saison pollinique, se laver les cheveux avant de se coucher évite de répandre des allergènes sur son oreiller et de les respirer toute la nuit. Nous pouvons aussi agir sur notre environnement : faire attention au type d’arbres dans les villes, à la bonne ventilation des locaux. Les allergies doivent être considérées comme des maladies environnementales.

Anne Pezet