Au regard du nombre de personnes affectées par une perte auditive handicapante, des actions d’information et de sensibilisation sont nécessaires afin de mieux diagnostiquer ces déficiences. Car le diagnostic précoce reste lié à une prise en charge plus efficace.

Près de 360 millions de personnes dans le monde vivent avec une perte auditive handicapante – perte d’audition supérieure à 40 décibels dans la meilleure oreille chez l’adulte et à 30 décibels dans la meilleure oreille chez l’enfant – selon les chiffres de l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé). En 2050, ce sont plus d’un milliard de personnes qui devraient être en situation de déficience auditive. Ces chiffres alarmants ont été martelés lors de la Journée Internationale de l’Audition, le 3 mars dernier, initiative de l’OMS pour sensibiliser sur les pertes auditives et sur l’importance d’un diagnostic précoce pour une meilleure prise en charge.

En France, près de 10 millions de personnes sont concernées par la déficience auditive, qui croît rapidement avec l’âge. Elle touche ainsi 20% des personnes de 50 ans et 75% des plus de 70 ans. La déficience auditive peut être due au vieillissement, mais aussi à l’exposition à un bruit excessif, à certaines maladies infectieuses, à des causes génétiques… Des actions de prévention simples pourraient éviter certaines pertes auditives, notamment l’exposition aux bruits des jeunes qui conjuguent boîtes de nuit, concerts et appareils audio. L’OMS estime ainsi que 50% des jeunes s’exposent à des niveaux sonores dangereux et qu’il devient essentiel de mettre en place des mesures de prévention sous peine de voir apparaitre des troubles de l’audition chez des personnes de plus en plus jeunes.

Pour toutes ces personnes touchées par une déficience auditive, le diagnostic doit être posé le plus tôt possible pour qu’elles puissent bénéficier d’une prise en charge optimale. Pour cela, en France, dès la naissance, à la maternité, un test rapide et indolore est réalisé pour rechercher un déficit auditif. Cette recherche s’effectuera également plus tard dans le cadre de la médecine scolaire ou de la médecine du travail. Lorsque le dépistage décèle un risque de déficience, des tests réalisés par un médecin spécialisé, un ORL, permettent de définir le type de surdité et son importance. Différents tests existent : l’audiométrie tonale ou vocale (répétitions de sons ou de mots), les oto-émissions acoustiques (enregistrement des vibrations générées par les cellules ciliées externes de la cochlée) et les potentiels évoqués auditifs automatisés (électrodes placées sur le cuir chevelu). Ils permettent de déterminer précisément le besoin ou non d’une aide auditive. Ces aides ont fortement évolué ces dernières années. Elles sont plus efficaces et plus discrètes. Si elles ne sont pas suffisantes ou inadaptées au type de surdité, des implants peuvent également être proposés : implant d’oreille moyenne qui capte les vibrations et les transmet à l’oreille interne et implant cochléaire, où un processeur externe transforme les sons en signaux électriques et les transmet par ondes à la partie interne implantée chirurgicalement, qui stimule les fibres du nerf auditif.

Cependant, malgré les outils et les techniques disponibles, la déficience auditive reste en France toujours mal comprise, mal acceptée et méconnue. Un aspect sociétal, en défaveur du diagnostic précoce, sur lequel il est urgent d’agir avec des plans d’information et de sensibilisation.

Anne Pezet