Une année d’innovations

Pacemaker sans sonde, systèmes de navigation intracardiaque encore plus précis : ces deux grandes avancées en cardiologie illustre le dynamisme de la recherche menée dans ce domaine. Le Pr Gabriel Laurent, cardiologue électro-physiologiste interventionnel au CHU de Dijon, nous les expose.

« Les avancées en cardiologie se succèdent et modifient profondément les prises en charge de nos patients. Par exemple, la technique d’implantation des stimulateurs cardiaques (ou pacemakers pour suppléer le système électrique intra-cardiaque défaillant) est la même depuis plus de 50 ans. Depuis 2015 de nouveaux pacemakers sans sonde sont disponibles en France.

Nous attendions cette innovation depuis longtemps car les sondes restent le point faible du pacemaker classique, avec des soucis d’infections, d’usure, de cassures… Ces pacemakers sans sonde sont un premier pas majeur vers la stimulation cardiaque du futur.

C’est une véritable révolution technologique. Ces dispositifs, de petite taille, avec une forme de « gélule » de 2.5cm de long, sont implantés directement dans le ventricule droit par la veine fémorale. Toute l’électronique est embarquée dans ces petits dispositifs qui ne pèsent que 2 grammes.

Nous attendions cette innovation depuis longtemps car les sondes restent le point faible du pacemaker classique, avec des soucis d’infections, d’usure, de cassures… Ces pacemakers sans sonde sont un premier pas majeur vers la stimulation cardiaque du futur. Depuis juin 2015, ils ont déjà été implantés à près de 2000 patients en Europe (3200 dans le monde), dont 350 en France, au sein de 40 centres sélectionnés. Comparés aux pacemakers classiques ces dispositifs sont plus simples à mettre en place et ont une durée de vie identique, soit près de dix ans. Pour le moment, il s’agit de soigner des patients qui ont besoin d’un pacemaker mono-chambre (qui ne stimule que le ventricule droit), ils représentent environ 15 à 20% des patients. Mais ce n’est que le début. A l’avenir, nous devrions avoir la possibilité d’implanter deux puis trois « gélules » dans différentes cavités cardiaques, afin de remplacer les dispositifs classiques qui possèdent jusqu’à trois sondes synchronisées.

Ce n’est pas la seule innovation impressionnante de ces derniers 18 mois. Les systèmes de navigation intracardiaque ont également atteint un niveau de précision incroyable. Ces systèmes permettent de se déplacer à l’intérieur du cœur avec des sondes mises par voie fémorale afin brûler les zones responsables des arythmies cardiaques. Ces systèmes ultra précis nous permettent d’enregistrer des circuits électriques intracardiaques jusqu’alors simplement théoriques. Tout un nouveau champ de recherche s’ouvre. »