Hépatologie : renforcer les actions de recherche et de prévention

En parallèle aux investissements en recherche, le Professeur Victor de Lédinghen, hépatologue au CHU de Bordeaux, Secrétaire Général de l’AFEF (Société Française d’Hépatologie), appelle à développer fortement la prévention des maladies chroniques du foie.

« La recherche en hépatologie ne faiblit pas, malgré des moyens financiers qui ne sont pas toujours à la hauteur des enjeux de santé. La Société Française d’Hépatologie organise ses 79èmes journées scientifiques du 28 septembre au 1er octobre à Bordeaux et fêtera à cette occasion ses 40 ans. L’occasion de revenir sur les évolutions de la prise en charge des maladies hépatiques avec des progrès remarquables.

Il ne suffit plus uniquement de sensibiliser les citoyens aux limites raisonnables de la consommation d’alcool, il faut aller plus loin.

En 1976, nous ne disposions d’aucun traitement pour les maladies du foie. Aujourd’hui, nous avons des traitements à proposer aux patients. Par exemple, nous pouvons guérir l’hépatite C. En France, malgré le coût des médicaments, tous les patients peuvent être traités. Pour l’hépatite B, un vaccin est disponible. Il faut d’ailleurs redonner une place stratégique à la vaccination contre le virus de l’hépatite B, car il s’agit d’une maladie contagieuse qui touche plus de 300 000 personnes en France.

Toutes les maladies chroniques du foie peuvent conduire à une cirrhose ou un cancer du foie. Or, les cancers du foie sont encore diagnostiqués à un stade trop tardif pour envisager un traitement curatif. La plupart des cancers du foie pourraient être détectés plus précocement en réalisant systématiquement une échographie abdominale tous les 6 mois chez les patients atteints de cirrhose. Un protocole de surveillance qui a encore du mal à s’imposer.

Par contre, aucun changement en 40 ans : l’alcool reste toujours la cause principale des maladies chroniques du foie. En termes de prévention, il ne suffit plus uniquement de sensibiliser les citoyens aux limites raisonnables de la consommation d’alcool, il faut aller plus loin. Les « beuveries express », pratique qui se répand chez les jeunes, et ce dès l’âge de 11-12 ans, sont un fléau à court terme mais aussi à long terme avec un risque de dépendance à l’alcool. Autre sujet d’inquiétude, nous voyons apparaître depuis plusieurs années la stéatose hépatique (surcharge en graisse du foie), liée au diabète, au surpoids, aux dyslipidémies et qui peut également conduire à une cirrhose. Un état des lieux qui montre les progrès encore attendus au niveau des actions de prévention et des innovations thérapeutiques. Les besoins sont encore très importants. »

Propos recueillis par Anne Pezet