La nouvelle frontière du soin

Avec la crise, la santé numérique aura franchi un pas de géant. Avec la crise, la santé numérique aura franchi un pas de géant. L’élargissement du cadre d’exercice de la télémédecine a ainsi fait exploser le nombre de téléconsultations, passant de 10 000 à 1 million par semaine, puis à 600 000 au moment du déconfinement. Médecins et patients ont pris goût à cette nouvelle pratique de la médecine. Iront-ils plus loin en s’emparant du potentiel de l’e-santé et de l’IoT (objets connectés) ? En attendant cette révolution du soin, le contexte posé par la pandémie a généré une liste impressionnante d’innovations technologiques. Pour la plupart digitales, elles sont majoritairement destinées à maintenir le lien entre soignants et malades, à organiser la continuité des parcours de soins et à suivre à distance l’état de santé des patients chroniques.

Plus que la performance technologique, le vrai tour de force fut de déployer ces solutions en un temps record. Une accélération rendue possible par l’assouplissement des règles d’accès au marché, mais également par l’agilité des acteurs du système, capables de s’entendre en urgence pour valider des projets.

Une coalition inédite

La Coalition Innovation Santé témoigne de cet élan inédit. Lancé le 25 mars, ce consortium de talents venus d’horizons différents est parvenu en deux mois à instruire 410 projets, pour en sélectionner 20. Ils bénéficient de financements accordés par quelques grands groupes (AstraZeneca, Servier, GSK, Pfizer, Roche, Lilly, Amgen, MSD, Mylan, Ipsen, Takeda, UCB, Astellas, Novartis, Amazon Web Services) ainsi que le LEEM, Bpifrance et EIT Health. « L’idée de ce projet est née de nos échanges avec des médecins hospitaliers, explique Franck Mouthon, président de France Biotech, à l’origine de la coalition aux côtés de France Digitale, MedTech in France, AstraZeneca et opérée par Digital Pharma Lab. Ils souhaitaient disposer plus rapidement d’innovations technologiques, afin de mieux répondre à la prise en charge des malades chroniques confinés au domicile.  »

Parmi les 20 projets, citons Covid Blues de l’entreprise Anamnèse, une appli permettant de maintenir le lien des personnes souffrant de pathologies mentales avec le système de soins, Biosency, une plate-forme de télésuivi des patients insuffisants respiratoires chroniques, ou encore Ad Scientiam, une solution de suivi à domicile pour patients atteints de maladies neurologiques. Co-fondateur du projet, le groupe AstraZeneca se félicite du succès de l’initiative. « C’est une occasion inédite de créer un mouvement de grande ampleur autour de l’e-santé en France, avec des acteurs qui ne se parlent pas forcément, mais qui se rendent compte de l’importance de le faire plus », souligne Olivier Nataf, président de la filiale France.

Pierre Mongis

Article extrait du dossier Grand Angle réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde