La gynécologie bénéficie de nombreuses innovations

Différents domaines de la santé des femmes disposent de techniques et d’outils novateurs. Entretien avec le Pr Philippe Descamps, gynécologue-obstétricien, chef de service au CHU d’Angers.

Quelles sont les grandes avancées en gynécologie-obstétrique ?

L’obstétrique a tiré parti du développement des espaces physiologiques et de l’amélioration de la sécurité de l’accouchement, avec une baisse de la mortalité maternelle par hémorragie, une diminution du nombre d’épisiotomies et le développement du diagnostic pré-implantatoire. La chirurgie ambulatoire s’est développée en parallèle de la réhabilitation après chirurgie (RAC), et des techniques non invasives prometteuses comme les ultrasons focalisés (HIFU) sont attendues. La mise en place de centres experts pour l’endométriose est en cours. L’oncologie gynécologique a connu une désescalade chirurgicale avec la technique du ganglion sentinelle. Des quotas de patientes ont été imposés aux chirurgiens pour qu’ils puissent opérer les cancers. Enfin, le remboursement de la vaccination HPV pour les filles et les garçons a vu le jour. Avec l’évolution des lois de bioéthique et l’arrivée des bio-similaires qui ont permis d’apporter une nouvelle offre et de traiter plus de femmes, la PMA a également notablement progressé.

La crise sanitaire a-t-elle fait évoluer les pratiques ?

Nous nous sommes battus pour conserver la plus grande humanité possible lors de l’accouchement. Certaines évolutions de nos pratiques imposées par la Covid sont amenées à perdurer. Ainsi, pour la chirurgie gynécologique, on note une réduction des anesthésies générales au profit de l’anesthésie loco-régionale, une meilleure gestion de certains aspects techniques comme l’aspiration des fumées durant les cœlioscopies, etc.

Quelle est la place de l’e-santé dans ces avancées ?

La téléconsultation a permis aux centres de PMA d’adapter leur activité aux recommandations de prise en charge de l’Agence de la biomédecine. De son côté, l’intelligence artificielle est également au rendez-vous. Des plateformes centrées sur le patient permettent une approche individualisée, améliorant la prévention et la prise en charge globale. Elles devraient permettre d’améliorer la survie pour certains cancers, grâce à un monitoring des récidives. Ainsi, de façon très novatrice, elles réinventent le dialogue patient/professionnel de santé. Après les Etats-Unis, elles arrivent très prochainement en France, avec, notamment, une plateforme unique au monde, consacrée à la santé de la femme : Ziwig. Celle-ci a pour objectif d’améliorer la prise en charge de l’endométriose, des cancers gynécologiques et mammaires, de l’infertilité, mais aussi des grossesses.

Gézabelle Hauray

Article extrait du dossier Grand Angle – Spécial Santé des femmes, réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde daté du 16 janvier 2021