L’hépatologie, une discipline d’avenir

Pr Christophe Bureau Hépato-gastro-entérologue au CHU de Toulouse et secrétaire général de la Société française d’hépatologie (Afef).

Si l’hépatite C bénéficie désormais de traitements efficaces, les pathologies hépatiques sont toujours bien présentes. Le champ d’action des hépatologues reste identique et repose sur trois piliers. Le premier concerne 80  000 hospitalisations pour cirrhose décompensée liée pour une majeure partie à des problèmes nutritionnels ou à une consommation d’alcool.

En France, l’alcool est responsable de 50  000 décès par an. Les atteintes hépatiques liées au syndrome métabolique sont amenées, comme aux Etats-Unis, à devenir une cause prédominante de greffe de foie.

L’enjeu est de dépister les patients avec une fibrose sévère pour améliorer le pronostic de la cirrhose et du cancer du foie par un diagnostic précoce et de fluidifier les parcours de soins.

Pr Christophe Bureau

Cet aspect « hospitalisation  » est complété par un grand nombre de consultations pour le suivi des maladies chroniques compensées du foie : maladies auto-immunes, génétiques, vasculaires, virale B, les hépatopathies métaboliques (NASH) ou liées à l’alcool.

La cohorte Constances a montré que près de 12 millions d’adultes présentaient au moins un facteur de risque de maladie du foie et que 2 % souffraient d’une fibrose sévère. A ces deux premières dimensions de la pratique de l’hépatologie s’ajoute donc, compte tenu de la prévalence des facteurs de risque, une troisième dimension : les soins primaires. L’enjeu est de dépister les patients avec une fibrose sévère pour améliorer le pronostic de la cirrhose et du cancer du foie par un diagnostic précoce et de fluidifier les parcours de soins. Pour cela, une connexion et une prise en charge harmonisée entre hépatologues, diabétologues, cardiologues… mais aussi spécialistes de la médecine générale, et la mise en place d’outils de prévention sont primordiales. Un séminaire autour de ces réflexions a lieu au cours des « journées de l’Afef » à Marseille ce 3 octobre.

Enfin, des recommandations Afef seront publiées prochainement pour proposer des modèles de parcours de soins pluridisciplinaires. Sans oublier une quatrième dimension, la recherche et l’innovation dans le domaine de l’hépatologie, de très haut niveau en France.

Gézabelle Hauray

Article extrait du dossier Grand Angle – Spécial Hépatologie, réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde daté du 3 octobre 2019
Photo : © AFEF