Grâce à la conjonction des savoirs et des armes thérapeutiques, le cancer pourrait être définitivement vaincu d’ici à 2050.

En 2023, on recensait 433  136 nouveaux cas de cancer, dont 57 % chez l’homme et 43 % chez la femme. Entre 1990 et 2023, l’incidence de cette maladie a doublé, d’abord en raison du vieillissement de la population, mais également parce que les facteurs de risque restent insuffisamment évités. Tabac, alcool, sédentarité, mauvaise alimentation, exposition au soleil, mais aussi pollution, exposition à des substances toxiques (amiante, pesticides…), si le cancer peut être admis comme une forme de maladie génétique, les effets croisés des facteurs de risque augmentent fortement la probabilité d’être atteint d’un cancer. Mais la détermination de la causalité, pour chacun d’entre eux, reste impossible à établir, d’où la nécessité d’investir plus massivement dans le champ de la prévention et de l’éducation à la santé, dès les premiers âges de la vie.

Depuis trente ans, la mobilisation tous azimuts a fortement fait progresser la lutte contre le cancer. La biologie permet de mieux connaître les caractéristiques génétiques des tumeurs, mais également de déterminer les profils de patients potentiellement répondant aux médicaments. L’imagerie aide à les repérer précocement et à conduire les traitements au cœur même des cellules cancéreuses. Les thérapies ciblées, l’immunothérapie, les chimiothérapies de dernière génération, la radiothérapie, l’hormonothérapie, la chirurgie d’ultra précision, seules, ou de plus en plus combinées entre elles, offrent une multiplicité de solutions pour aller combattre et détruire les tumeurs, bloquer leur prolifération dans l’organisme et guérir les patients. Il faut garder espoir  : aujourd’hui, plus de 65 % des cas de cancers peuvent être traités et guéris. Dans les cancers du poumon, pour certaines formes et lorsqu’ils sont pris à temps, la médiane de survie dépasse cinq ans. Certes, le chemin est encore difficile pour des cancers dits de mauvais pronostic, comme ceux de l’appareil gastrique. Mais les espoirs sont permis : la science progresse pas à pas. Le potentiel offert par l’exploitation des données de santé et des techniques d’intelligence artificielle ouvre la voie à des thérapies toujours plus précises et personnalisées. Aujourd’hui, les médecins en sont de plus en plus convaincus  : d’ici à 2050, le cancer pourrait devenir une maladie chronique contrôlable, avec une espérance de vie normale pour les patients atteints.

Stéphane Corenc

Légende photo : illustration 3D d’une cellule cancéreuse.


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Cancer réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 14 septembre 2024.

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