Les aidants ont besoin de répit !

Claudie Kulak, fondatrice de La Compagnie des Aidants, Vice-Présidente du collectif Je t’Aide et membre du Conseil économique, social et environnemental.

Nous le constatons tout au long de l’année sur l’ensemble du territoire, lors des milliers d’entretiens menés dans le cadre de la Caravane « Tous aidants », les aidants ont besoin de répit. Il y a 11 millions d’aidants en France et tous sont concernés par cet immense besoin de souffler, de faire une pause pour prendre soin d’eux. Qu’il s’agisse de parents d’un enfant handicapé, d’un mari qui s’occupe de sa femme atteinte de la maladie d’Alzheimer ou d’un fils qui prend soin de ses parents dépendants, il n’est pas possible de tenir la cadence sans avoir de moments pour continuer à vivre sa propre vie. « Nous avons un enfant de 33 ans qui est au quotidien avec nous. Nous aimerions pouvoir partir en vacances sans lui une fois par an, en le confiant à une structure d’accueil. » ; « Impossible de se reposer quelques jours, pas de week-end, jamais de répit. » ; « Je n’ai pas vu arriver mon burn-out, je me suis oubliée. La pente est dure à remonter. »… Les témoignages des aidants sont poignants, eux qui n’aspirent souvent qu’à pas grand-chose. La modestie de leurs demandes doit d’ailleurs nous interpeller.

Ce besoin de répit a été particulièrement vif à l’issue des confinements, de la phase très tendue de la pandémie de Covid-19. Les aidants nous ont fait part de leur fatigue, de leur isolement, de leur découragement. Nous leur avons apporté une écoute, des solutions, une orientation vers des associations de proximité. Si le sujet du répit a été mis sur la table dans le cadre de la stratégie nationale « Agir pour les aidants 2020-2022 » (le ministère des Solidarités et de la Santé a notamment édité le guide Besoin de répit et la HAS a récemment publié des recommandations de bonnes pratiques), il reste encore beaucoup à faire. C’est pourquoi le besoin de répit constitue l’un des axes forts du plaidoyer que nous portons, à La Compagnie des Aidants et avec les membres du collectif Je t’Aide, dont nous faisons partie. Les risques liés à l’aide ne doivent pas être minorés.

Plus que jamais, il est urgent de renforcer l’existant et d’innover, de développer une offre accessible et adaptée aux différents besoins et d’inventer le service qui diminuera la charge de l’aidant et lui permettra de vivre pleinement sa vie.


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Aidants réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 6 octobre 2022.

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