Docteur Luc Ceugnart, radiologue , Président de la Société française de Sénologie et de Pathologie mammaire (SFSPM).
Si l’incidence du cancer du sein demeure en croissance, l’amélioration continue de la survie des patients est constatée partout dans le monde. Cette évolution repose sur la progression des traitements, mais aussi sur les mesures de prévention à différentes étapes du parcours. La prévention primaire vise à réduire la survenue de la maladie, notamment grâce à des dispositifs d’information, comme Interception du centre Gustave-Roussy. La prévention peut également être secondaire en intervenant le plus tôt possible dans l’histoire de la maladie pour limiter son évolution ; c’est notamment l’objectif du dépistage organisé, qui a 20 ans cette année. Enfin, la prévention tertiaire réduit le risque de complications et des séquelles de la pathologie. Cette prévention tertiaire repose sur les traitements, les soins de support, mais aussi sur les différentes techniques d’imagerie dans lesquelles l’intelligence artificielle (IA) joue un rôle croissant. Si des validations scientifiques sont encore attendues, son rôle sera incontournable dans les années à venir et pourrait par exemple faciliter le dépistage organisé en assurant la deuxième lecture à la place d’un médecin. Des études montrent déjà que le duo IA/médecin compétent est plus efficient qu’un médecin seul dans la lecture de clichés de dépistage. L’IA pourrait également apporter des réponses sur des modèles prédictifs dans certaines populations de patients, comme les plus de 75 ans qui ne sont plus invitées dans le dépistage organisé ni incluses dans les protocoles de recherche clinique. L’IA pourrait donc être un outil de personnalisation du parcours de dépistage et de soins, tout comme les signatures génomiques qui permettent d’identifier les patients tirant un bénéfice de la chimiothérapie en sus des critères cliniques et histologiques. Malheureusement, leur coût est à la charge de chaque établissement et ils ne sont donc pas systématiquement proposés aux patients chez qui ils sont indiqués.
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Cancer du sein réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 5 octobre 2024.