Allergies : stopper l’épidémie

Le nombre de personnes souffrant de rhinites allergiques ou d’asthme ne cesse d’augmenter. Le Pr Michel Aubier, chef du service pneumologie à l’hôpital Bichat en détaille les raisons et les mesures à prendre.

« Dans les maladies respiratoires chroniques, les affections des bronches sont les plus fréquentes, avec notamment les rhinites et l’asthme allergiques. Aujourd’hui environ 30% des français souffrent d’allergies et en premier lieu de rhinites et d’asthme, et ce chiffre atteint 50% aux Etats-Unis. Une augmentation régulière du nombre de patients, quasi épidémique. Cette augmentation s’explique par les changements profonds de mode de vie dans les pays occidentaux, qui ont eu un impact sur notre environnement, pas seulement extérieur, mais aussi au sein des habitations. Par exemple, les pièces sont mieux isolées, plus chauffées, mais aussi moins ventilés et les climatisations sont parfois mal entretenues. Les acariens et les moisissures trouvent ici des conditions idéales pour proliférer. Ajouté à cela, la présence d’animaux domestiques, et de produits irritants qui se dégagent des colles des meubles, bref, les sources d’allergènes ne manquent pas.

A l’extérieur, des espaces verts créés en ville ont souvent accueilli des plantes et des arbres avec des pollens allergisants, comme le bouleau par exemple. De plus, du fait du réchauffement climatique, les saisons polliniques sont de plus en plus longues en France. Les quantités de pollen auxquelles nous sommes exposées sont plus importantes.Enfin, notre alimentation est plus industrielle avec des sources d’allergènes multiples, et nous consommons moins de fruits et de légumes qui apportent des anti-oxydants permettant à l’organisme de lutter contre les allergies.
Si les sources d’allergies se multiplient autour de nous, il est cependant possible d’éviter ou de minimiser les manifestations allergiques, notamment en agissant sur notre environnement : faire attention au type d’arbres dans les villes, à la bonne ventilation des locaux, à notre alimentation… Les allergies doivent être considérées comme des maladies environnementales à part entière et mieux prises en compte au niveau des villes, des entreprises, et dans notre vie quotidienne. »

Pr Michel Aubier, chef de service, de pneumologie A, hôpital Bichat, Paris, France. Inserm U 1152, faculté de médecine Paris Diderot, Paris, France.