En dépit des progrès constants depuis trois décennies, il reste encore beaucoup à faire pour diminuer la morbi-mortalité des maladies cardiovasculaires. Grâce à des mesures hygiéno-diététiques au quotidien, la plupart sont évitables.

Plus que jamais, les maladies cardiovasculaires restent en tête des priorités de santé publique. Les chiffres de l’OMS en attestent : elles représentent 17,7 millions de décès chaque année, soit 31 % de la mortalité mondiale totale. Sur ces 17 millions de décès, on estime que 7,4 millions sont dus à une cardiopathie coronarienne et 6,7 millions à un AVC (chiffres 2015). Les trois quarts interviennent dans les pays à revenus faibles ou intermédiaires. Mais les pays riches ne sont pas non plus épargnés. En France, c’est la deuxième cause de décès, derrière les cancers. L’incidence croissante de ces maladies s’explique d’abord par le vieillissement de la population mondiale. Mais la persistance des facteurs de risque, pourtant largement évitables, demeure un sujet de mobilisation pour les autorités de santé. Tabagisme, sédentarité, malnutrition… Aux comportements à risques s’ajoute un faisceau de facteurs divers liés à l’environnement. La pollution et ses effets sur la qualité de l’air joue un rôle majeur, ainsi que l’exposition à certains types de polluants, même s’il reste très difficile de les isoler et d’agir en conséquence.

Plusieurs troubles, affectant le cœur et les vaisseaux, font partie de la famille des pathologies cardiovasculaires : cardiopathies coronariennes (touchant les vaisseaux sanguins qui alimentent le muscle cardiaque), maladies cérébro-vasculaires (touchant les vaisseaux sanguins qui alimentent le cerveau), artériopathies périphériques (touchant les vaisseaux sanguins qui alimentent les bras et les jambes), cardiopathies rhumatismales (affectant le muscle et les valves cardiaques et résultant d’un rhumatisme articulaire aigu causé par une bactérie streptocoque), malformations cardiaques congénitales, thromboses veineuses profondes et embolies pulmonaires… Comment agir efficacement pour réduire l’impact de ces maladies ? Outre des campagnes de prévention primaire (lutte contre tabagisme et alcoolisme, promotion de l’exercice physique et de l’équilibre nutritionnel), les approches de prévention secondaire et tertiaire sont essentielles pour réduire la morbi-mortalité quand les pathologies sont installées.

Autre priorité, la prise en charge en urgence des accidents cardiovasculaires (infarctus, AVC, décompensation d’insuffisance cardiaque…) s’améliore d’année en année, avec l’objectif de favoriser le bon « timing » des soins. De nouvelles priorités apparaissent également, comme l’investissement affiché par l’Assurance-maladie dans la lutte contre l’insuffisance cardiaque. Pour autant, les tensions croissantes en matière d’offre de soins de proximité constituent un motif d’inquiétude et appellent à de nouveaux efforts pour optimiser les parcours de soins des patients.

Enfin, il faut miser sur le fort potentiel de l’innovation thérapeutique, avec une approche de plus en plus ciblée selon les profils génétiques des patients. Il faut aussi soutenir l’émergence de solutions technologiques et numériques et d’outils de suivi et de prédiction basés sur l’exploitation de données prélevées auprès des patients. C’est l’hybridation des ressources disponibles qui aidera à regagner des batailles contre la morbi-mortalité cardiovasculaire.

Antoine Combier


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Cardiologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 30 septembre 2024.

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