Les pathologies cardio-vasculaires progressent avec le vieillissement de la population. Les spécialistes appellent à une mobilisation globale et cohérente pour améliorer l’information de la population et l’efficacité des prises en charge.
à l’origine de 24 % des décès en France, les maladies cardio-vasculaires restent la deuxième cause de mortalité derrière le cancer. Mais elles en sont, depuis quelques années, la première chez les femmes. Bien que des progrès considérables aient été réalisés en quelques décennies, il est impératif de ne pas relâcher l’effort. Et la communauté des cardiologues appelle à l’élaboration d’un Plan national de santé publique, ce qui n’a jamais été fait, à l’exception d’un programme de lutte contre les AVC entre 2010 et 2014. Une demande restée lettre morte, même si les pouvoirs publics se disent mobilisés contre ces pathologies multiformes, dont certaines sont évitables grâce à une réduction des principaux facteurs de risque : alcoolisme, tabagisme, alimentation déséquilibrée, sédentarité… Entre 2008 et 2016, la mortalité cardio-vasculaire a reculé de 3,2 % chez les hommes et de 3 % chez les femmes, ce qui constitue le recul le plus important parmi les causes de décès par maladie. Mais, derrière ce résultat encourageant, d’autres statistiques témoignent de filières de soins qui sont loin d’être optimales. Dans le cas de l’insuffisance cardiaque, qui touche 670 000 personnes (2017), la Haute Autorité de Santé recommande un rendez-vous chez un cardiologue dans la semaine qui suit le diagnostic. Or moins d’un patient sur deux en bénéficie. Et 12 % seulement d’entre eux sont engagés dans un programme de réhabilitation cardiaque. Autre exemple : la fibrillation atriale (accélération du rythme cardiaque) est diagnostiquée dans 25 % des cas d’AVC. Mais, à défaut d’un dépistage systématique et d’une bonne information au public sur les signes avant-coureurs (palpitations, essoufflement, malaises), elle est sous-détectée, alors que des traitements efficaces existent pour en limiter les effets.
Aujourd’hui, l’une des inquiétudes majeures porte sur la répartition de l’offre de soins sur le territoire. Les « déserts cardiologiques » progressent avec le vieillissement du corps médical et la concentration des installations de praticiens dans les grandes zones urbaines. La prise en charge des maladies cardio-vasculaires doit donc être restructurée à l’échelle des territoires, avec une plus grande implication des personnels paramédicaux dans le suivi des patients (notamment les futures infirmières de pratique avancée), le développement de la télémédecine, l’incitation aux consultations avancées (vacations de cardiologues dans des zones sans médecin) et une meilleure articulation entre l’hôpital et les acteurs du soin ambulatoire. La Société française de cardiologie prépare actuellement un Livre blanc, destiné à recommander des pistes d’action. A défaut d’une réaction à la hauteur des enjeux, il est à craindre que la prévalence de ces maladies ne reparte fortement à la hausse, en raison du vieillissement de la population.
Stéphane Corenc
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Article extrait du dossier Grand Angle réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde