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Pr Gaëlle Quéreux, Chef du service de dermatologie au CHU de Nantes, Présidente de la Société française de dermatologie.
La dermatologie connaît des avancées thérapeutiques majeures, aussi bien dans les pathologies inflammatoires (psoriasis, dermatite atopique, vitiligo…), avec l’arrivée des biothérapies et des inhibiteurs de JAK, qu’en oncologie avec l’immunothérapie et les thérapies ciblées. Cependant, cet enthousiasme se heurte à une crise démographique sans précédent. En dix ans, le nombre de dermatologues en France est passé de 4 000, à moins de 3 000 aujourd’hui. Les dermatologues qui partent à la retraite ne sont pas remplacés : il n’y a que 100 postes d’internes en dermatologie ouverts chaque année, ce qui est très insuffisant. Et le pire est à venir : 30 % des dermatologues ont plus de 60 ans. Le délai d’attente moyen pour obtenir un rendez-vous est passé à plus de trois mois. Huit départements ont moins d’un dermatologue pour 100 000 habitants et, dans la Creuse, la Nièvre et l’Indre, il n’y en a plus du tout. Ce manque de dermatologues est très préoccupant, avec des conséquences préjudiciables pour les patients qui souffrent d’un retard dans leur prise en charge et d’un défaut d’accès aux innovations thérapeutiques. Pour remédier à ces problèmes, la Société française de Dermatologie (SFD) souhaite améliorer la collaboration avec les médecins généralistes et renforcer leur formation afin qu’ils puissent être un premier recours et n’adressent aux dermatologues que les patients qui le nécessitent. Les dermatologues se mobilisent aussi pour offrir aux médecins généralistes des solutions de télé-expertise pour repérer les patients qu’il est urgent de voir. La SFD est également en train de préparer une campagne grand public afin de sensibiliser les patients à s’autosurveiller régulièrement pour repérer des lésions à risque de cancer cutané. Un check-up annuel chez le dermatologue pour un dépistage systématique des cancers cutanés n’est pas utile pour tout le monde. Dans le contexte actuel, il faut tout faire pour libérer de la place pour les patients qui en ont réellement besoin. Enfin, la SFD finalise un projet de dermatologie itinérante, grâce à un camion aménagé qui circulera dans des zones de désertification médicale et met tout en œuvre afin de faciliter l’accès des patients aux soins dermatologiques.
Christine Fallet
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Dermatologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 5 décembre 2024.