Pr Eric Renard, Président de la Société française du Diabète (SFD)
Trente mille personnes en bénéficient en France. La boucle fermée hybride, innovation de rupture pour le diabète de type 1, et en perspective d’extension au diabète de type 2 traité par l’insuline, constitue le traitement de référence pour équilibrer sa glycémie. Les données cliniques attestent de son efficacité et de sa sécurité. En moyenne, le taux d’hémoglobine glyquée des patients équipés diminue de 0,5 à 1 %, avec plus de temps passé dans la cible et la diminution nette du risque d’hypoglycémie. On peut estimer que ce meilleur équilibre glycémique réduit de 40 % l’incidence potentielle des complications du diabète.
D’autres données viennent conforter le bénéfice de la boucle fermée hybride. Moins de 1 % des patients renoncent à l’utiliser un an après avoir été appareillés. Et il semble que cette solution, loin de générer un « relâchement », accroît l’adhésion des patients sur le plan hygiéno-diététique. Bien sûr, le fait de devoir continuer à renseigner sur l’application les repas pris ou l’exercice physique exige un certain niveau d’expertise des patients. En outre, tous ne souhaitent pas être monitorés à distance. Leur choix de vie doit être la première règle à respecter. Mais beaucoup des possibles candidats ne sont pas informés de l’existence de la boucle fermée hybride : il faut donc en parler davantage, sans négliger de souligner qu’elle nécessite une formation et une phase d’apprentissage avant de parvenir à maîtriser son usage.
Il faut également renforcer la formation des médecins diabétologues qui pourraient prescrire et installer ces dispositifs. Même s’il faut se féliciter du succès du premier DIU dédié, cette formation doit s’amplifier, alors que la demande des patients est appelée à augmenter fortement. Et le développement du télésuivi doit être également soutenu et organisé : c’est l’une des voix de progrès pour le suivi au long cours des patients.
Enfin, nous attendons beaucoup des pistes offertes par les prochaines générations d’algorithmes, permettant une automatisation complète. C’est la prochaine étape vers l’idéal du pancréas artificiel.
Antoine Largier
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Diabète réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 15 novembre 2024.