Mieux dépister pour mieux soigner

Aux 79èmes journées scientifiques de l’Association Française d’Hépatologie fin septembre, les dernières avancées seront présentées. Mais en attendant la prochaine génération de traitements, les efforts doivent également porter sur l’information et le dépistage.

L’an dernier a marqué un véritable tournant dans la prise en charge de l’hépatite C avec des inhibiteurs d’une protéine virale essentielle à la multiplication du virus. Ils permettent de guérir près de 90% des personnes infectées. D’autres molécules sont en développement dans les hépatites, pour améliorer encore la prise en charge et atteindre les 100% de patients. Pour autant, ce grand pas en avant ne doit pas faire oublier les besoins médicaux toujours présents, d’autant plus que de nouvelles maladies prennent de l’ampleur. En effet, si les infections virales sont une des causes majeures, avec la consommation d’alcool, des atteintes du foie pouvant conduire à la fibrose, puis la cirrhose puis au cancer du foie. Aujourd’hui, d’autres facteurs s’imposent de manière insidieuse, comme le surpoids ou l’obésité. Une évolution qui inquiète les spécialistes.

Favorisée par une nourriture trop grasse et le manque d’exercice, la stéatohépatite non alcoolique (NASH en anglais) peut ainsi entraîner une fibrose du foie, qui pourra de la même façon que les infections virales conduire à une cirrhose puis un cancer du foie. Le discours de prévention sur les risques que court un individu obèse ou diabétique au niveau cardiovasculaire doit donc se doubler d’un discours similaire sur les risques hépatiques, qui sont tout aussi importants. La NASH pourrait faire 20 millions de morts au niveau de la population mondiale.
Les professionnels de santé doivent également ajouter sur leur liste d’examens à réaliser pour poser leur diagnostic, les tests sanguins ou d’imagerie permettant de diagnostiquer la NASH chez les individus à risque. Mais ce n’est pas le seul moment où le dépistage doit se généraliser. Souvent, cette dégénérescence du foie (fibrose, cirrhose) reste diagnostiquée tardivement. Or, le cancer du foie reste un des cancers digestifs les plus agressifs. On estime à environ 8 200 le nombre de nouveaux cas de cancer du foie en France en 2011, dont près de 80 % concernent des hommes. Alors afin d’éviter un diagnostic de cancer du foie trop tardivement, et perdre des chances de survie, les patients atteints de fibrose ou de cirrhose doivent être suivis attentivement pour adapter les traitements disponibles au stade hépatique où ils se trouvent et pouvoir utiliser la chirurgie pour traiter le cancer du foie dès qu’il s’installe.
Dans tous les cas, la surveillance doit être accrue et des campagnes d’informations et de dépistage sont essentielles à mener. N’attendons plus.

Anne Pezet