Directeur médical de Novo Nordisk, Lamine Khaznadji raconte la formidable épopée d’un groupe centenaire, d’abord centré sur le diabète et aujourd’hui engagé dans de nouvelles aires et voies thérapeutiques.
Novo Nordisk a 100 ans en 2023. Quelle est l’empreinte de ce groupe danois dans le champ des progrès en santé ?
En cent ans, nous n’avons cessé, à partir des premiers travaux sur l’insuline, d’avancer sur la conception de nouvelles solutions au service des patients atteints de diabète. Il aura fallu près de quatre-vingts ans pour travailler d’abord à partir de l’insuline animale, parvenir à la purifier pour être utilisable chez l’homme, puis concevoir des insulines artificielles capables de reproduire intégralement la chaîne polypeptidique. Mimer la physiologie de l’insuline n’a pas été chose facile. Il a fallu mettre au point diverses formes, à durées d’action variables, avec la nécessité pour les patients de devoir recourir à de multiples injections au cours de leur vie. Mais, depuis vingt-cinq ans, les retombées de ces recherches bénéficient aux patients et Novo Nordisk n’entend pas en rester là en matière d’innovation. Avec, en ligne de mire, une préoccupation majeure : simplifier la gestion de la maladie, allant dans le sens d’un allègement de la charge mentale pour le patient. Nous avons toujours eu à cœur de concevoir des dispositifs s’inscrivant dans le quotidien de la personne vivant avec la maladie chronique. Aujourd’hui, certaines solutions sont connectées et ont pour objectif d’aider au renforcement du suivi grâce à l’analyse des données biologiques que le patient peut choisir de partager avec son médecin. Dans le futur, un nouveau tournant pourrait se révéler décisif : la mise au point d’une insuline à administration hebdomadaire…
Nous avons toujours eu à cœur de concevoir des dispositifs s’inscrivant dans le quotidien de la personne vivant avec la maladie chronique […] Dans le futur, un nouveau tournant pourrait se révéler décisif : la mise au point d’une insuline à administration hebdomadaire…
Ce que montre votre histoire, c’est que l’innovation en santé, aujourd’hui, ne peut plus se limiter au seul médicament…
En effet, des entreprises comme la nôtre se doivent d’être à l’écoute des patients, mais également des soignants qui les prennent en charge. Leurs associations nous le disent : une innovation en santé n’a de valeur que si elle répond à leurs attentes, si elle les aide à mieux vivre et à contrôler leur maladie sans envahir leur quotidien, grâce à des solutions simples à utiliser. Nous échangeons énormément avec l’ensemble de l’écosystème, avec l’ambition de faire évoluer ces solutions en permanence, en fonction des retours d’usage et des préférences exprimées par les patients eux-mêmes. Cette approche globale exige, pour nous, d’investir dans toute la chaîne de valeur : médicaments, dispositifs médicaux, outils numériques, plateformes de suivi… Par ailleurs, Novo Nordisk reste engagé sur des pistes prometteuses de nouveaux traitements, comme les insulines « intelligentes », s’activant à partir du taux de sucre mesuré chez le patient. Dans le diabète, l’innovation se doit d’être ouverte, partenariale, associant le savoir-faire de laboratoires pharmaceutiques et d’entreprises d’e-santé, capables de mettre au point des outils spécifiques : applications, lecteurs de glycémie capillaire ou encore systèmes de mesure en continu du glucose interstitiel (CGM).
Aujourd’hui, les technologies que vous déployez offrent-elles également des espoirs pour le traitement d’autres maladies que le diabète ?
Certainement, car le savoir-faire que nous avons acquis dans le domaine du génie génétique ouvre des perspectives en matière de thérapie cellulaire, par exemple pour, demain, parvenir à remplacer les cellules défectueuses qui produisent l’insuline, mais également pour apporter de nouveaux espoirs face à des maladies comme la stéato-hépatite non alcoolique, la maladie d’Alzheimer, la DMLA, la maladie de Parkinson ou encore certaines affections cardiaques. En parallèle, le groupe Novo Nordisk renforce son excellence scientifique au moyen d’acquisitions ciblées. Récemment, nous avons racheté et intégré les équipes de Dicerna, une société qui va nous permettre de développer des thérapies à base d’ARN interférent (ARNi). L’objectif de ce type de plateforme est de rendre « silencieux » de manière sélective les gènes impliqués dans la survenance de certaines pathologies. Pour nos chercheurs, l’ambition est la même qu’il y a cent ans : transformer la science en avancées qui changent la donne pour les patients atteints de maladies chroniques.
Antoine Largier
Préserver l’environnement
Chez Novo Nordisk, la protection de l’environnement est au cœur du modèle de valeur.
En France, le groupe développe depuis décembre 2022 le programme pilote Returpen™, destiné à la récupération et au recyclage de ses stylos préremplis jetables. A Chartres, deuxième site industriel du groupe, 70 000 mètres cubes d’eau ont été économisés en cinq ans, soit 38 % de sa consommation, alors que la production est en constante augmentation. Enfin, la vapeur industrielle pour ses procédés de fabrication et le chauffage des bâtiments est produite par une chaudière biomasse, en fonctionnement depuis septembre 2021.
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Innovation en santé réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 22 avril 2023.
Photo © Novo Nordisk / DR