Thérapies géniques : de l’espoir à la réalité

Pr Daniel Scherman, Directeur de la Fondation Maladies rares.

On dénombre plus de 8 000 maladies rares, dont 80 % sont d’origine génétique, c’est-à-dire causées par la modification d’un gène, appelée « mutation ». A partir de ce constat, la recherche s’est dirigée vers la thérapie génique, qui consiste à agir sur le gène défectueux responsable d’une maladie, une fois que ce gène a été identifié. Une des stratégies de thérapie génique repose sur le remplacement de ce gène muté par un gène fonctionnel, qui est transporté dans les cellules malades via un virus rendu non infectieux par manipulation génétique. D’énormes progrès ont été récemment réalisés sur les plateformes technologiques d’administration des gènes aux patients qui utilisent des virus rendus non infectieux. Cette dynamique est cependant freinée par le coût très élevé de la production des vecteurs viraux modifiés, et par la nécessité de contrôler la réponse immunitaire du patient à ces produits.

Une autre approche de thérapie génique repose sur la synthèse de petites molécules appelées oligonucléotides antisens et ARN interférent. Ces médicaments sont utiles lorsque la maladie rare est causée par la production de protéines toxiques, induite par des mutations de l’ADN des patients. Ils sont conçus pour entraîner la dégradation des produits toxiques. Là encore, des progrès extraordinaires ont été obtenus, à tel point qu’il suffit d’une injection sous-cutanée une ou deux fois par an pour obtenir une répression quasi complète du gène pathologique.

Grâce à la dynamique de la recherche, plusieurs dizaines de médicaments de thérapie génique sont à ce jour disponibles, ou en étape finale de développement, pour le traitement, notamment des maladies rares graves comme la dystrophie de Duchenne ou l’amyotrophie spinale infantile. Il faut souligner la contribution majeure du laboratoire Généthon de l’AFM-Téléthon à ces découvertes.

Dernier point, et non des moindres : certaines thérapies géniques développées contre les maladies rares peuvent aussi traiter des maladies plus fréquentes, voire certains cancers. Ce potentiel bénéfice pour le plus grand nombre amplifie l’espoir de changer un jour radicalement le pronostic des maladies rares.


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Maladies Rares réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 1er mars 2025.

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