
Pr Cécile Chenivesse, pneumologue au CHU de Lille.
Environ 5 % des asthmatiques souffrent d’asthme sévère, soit près de 65 000 personnes en France. L’asthme sévère est un asthme qui reste actif malgré un traitement maximal pris par voie respiratoire. Il est lié à une persistance de l’inflammation au niveau des bronches, qui n’est pas ou peu sensible au traitement classique de l’asthme. Malgré un traitement intensif, le patient continue à avoir des crises d’asthme et parfois des exacerbations d’asthme, qui sont des « poussées » de la maladie.
Les asthmatiques sévères ont une mauvaise qualité de vie : troubles du sommeil, fatigue, limitation de l’activité physique… De plus, ils consomment régulièrement des corticoïdes en comprimés pour traiter les exacerbations, ce qui peut engendrer des complications comme des infections, des maladies cardiaques, une prise de poids…
Lorsqu’un asthme sévère est suspecté, la prise en charge doit se faire par un spécialiste qui devra d’abord déterminer si l’asthme est véritablement sévère, c’est-à-dire en rapport avec une inflammation bronchique qui persiste en dépit du traitement, ou si cette persistance est plutôt liée à des facteurs de non-contrôle, comme une mauvaise prise du traitement ou des facteurs environnementaux tels que le tabagisme, la pollution extérieure ou à l’intérieur de l’habitat. Si le diagnostic d’asthme sévère est confirmé, le spécialiste cherchera alors à évaluer le type d’inflammation impliqué. En effet, l’asthme sévère est une maladie hétérogène, dans laquelle on observe des profils inflammatoires très différents en fonction des patients. Cette évaluation est essentielle, car il existe aujourd’hui des traitements ciblés pour l’asthme sévère, appelés biothérapies, capables de bloquer spécifiquement une et une seule voie inflammatoire. Les biothérapies constituent une grande avancée dans la prise en charge de l’asthme sévère, car elles empêchent la survenue des exacerbations et limitent les besoins en corticoïdes oraux. Elles peuvent transformer radicalement la qualité de vie des patients avec peu voire pas d’effet secondaire.
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Maladies repiratoires réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 25 janvier 2025.