
La broncopneumopathie obstructive (BPCO) reste encore méconnue et trop souvent mal diagnostiquée. La prévention reste la clé et il faut se concentrer sur le principal facteur de risque, c’est-à-dire le tabac. L’autre enjeu fondamental est la détection de la maladie. Interview du Pr Bruno Degano pneumologue au CHU de Grenoble.
Quels sont les facteurs de risque de la BPCO ?
Il faut être très clair sur le fait que la principale cause est le tabagisme. En effet, 80-85 % des BPCO dans les pays industrialisés sont exclusivement dues au tabac. Les autres facteurs de risque comptent, certes, mais ils ne sont en général pas suffisants pour qu’une BPCO se développe. En amont de la prévention primaire, il faudrait même, pour être efficace, mettre en place une prévention « primordiale », un concept émergeant qui englobe tous les déterminants conduisant au tabagisme (facteurs environnementaux, économiques, sociaux, comportementaux, psychologiques…).
80-85 % des BPCO dans les pays industrialisés sont exclusivement dues au tabac
Comment organiser la détection ?
Il est crucial de tout faire pour identifier le plus tôt possible un patient fumeur qui va développer une BPCO. La détection concerne les personnes fumeuses ou ex-fumeuses, de plus de 40 ans et qui ont au moins un symptôme (essoufflement, toux grasse, crachats…). Ensuite, l’examen de référence est la spirométrie. C’est un test non invasif et simple à réaliser. Si la spirométrie montre un trouble ventilatoire obstructif, le diagnostic de BPCO est alors très probable. Par contre, si la spirométrie est normale, on ne doit pas parler de BPCO, et on doit continuer l’enquête pour expliquer les symptômes du patient. A ce titre, on peut espérer que le dépistage organisé du cancer bronchique, qui pourrait voir le jour en France, donnera l’opportunité d’avoir une approche centrée sur les fumeurs, actifs ou sevrés, pour détecter la BPCO.
On parle du contrôle de l’asthme ; peut-on contrôler la BPCO ?
Lorsque l’on détecte la maladie, quel que soit son stade, on ouvre des perspectives pour le patient. Les objectifs partagés avec lui sont alors de ralentir voire de stopper la progression de la BPCO, de faire régresser les symptômes et ensuite de maintenir ces acquis à long terme : sevrage tabagique, prise en charge médicamenteuse de la BPCO et des pathologies qui peuvent lui être associées (anxiété, dépression, maladies cardiovasculaires), mais aussi réadaptation à l’effort, prise en charge nutritionnelle… Tout est mis en œuvre pour permettre d’atteindre les objectifs et obtenir ainsi un contrôle optimal de la maladie.
Christine Fallet
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Maladies repiratoires réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 25 janvier 2025.