
L’arrivée de traitements ciblant l’inflammation dans les maladies bronchiques appelle à transformer la classification des maladies elles-mêmes.
De natures très diverses, les maladies respiratoires regroupent les pathologies affectant les organes du système respiratoire, dont les bronches. Elles englobent les infections respiratoires aiguës, causées par des virus ou des bactéries (bronchite, bronchiolite…), ainsi que les maladies respiratoires chroniques telles que l’asthme et la BPCO. La BPCO et l’asthme sont particulièrement fréquents, touchant respectivement 3,5 et 4 millions de personnes en France.
Il est plus pragmatique de caractériser le type d’inflammation pour guider le traitement, plutôt que connaitre la maladie sous-jacente.
« Souvent mal prises en charge, elles sont à l’origine de nombreuses hospitalisations, dont 150 000 par an pour la BPCO, notamment en raison d’exacerbations provoquées par des virus. L’inflammation se traduit par l’arrivée de cellules immunitaires, les éosinophiles, qui, au lieu d’aider à la disparition du virus, vont aggraver l’inflammation », explique le Pr Colas Tcherakian, pneumologue à l’hôpital Foch, à Suresnes. Aujourd’hui, on sait que les phases d’exacerbation impliquent les éosinophiles chez certains patients avec asthme ou BPCO. Surtout, il est démontré qu’il est plus efficient de bloquer cette inflammation à éosinophiles que de savoir si le patient est porteur d’un asthme ou d’une BPCO, qui ne sont pas toujours faciles à distinguer. « C’est pour cela qu’on pense qu’il est plus pragmatique de caractériser le type d’inflammation pour guider le traitement, plutôt que de connaître la maladie sous-jacente », précise le Pr Tcherakian.
« Nous avons aujourd’hui des traitements très puissants qui ciblent cette inflammation, par voie inhalée ou par injection, qui réduisent le risque d’exacerbation », se félicite le Pr Tcherakian. Ces traitements injectés sont les biothérapies. « Les traitements sont certes coûteux, mais très efficients en termes de coûts évités liés aux hospitalisations et de qualité de vie gagnée », relève le spécialiste Derrière cette stratégie thérapeutique, cibler le type d’inflammation plutôt que classer le patient en asthme ou en BPCO, c’est une nouvelle approche que l’on veut promouvoir : la prise en charge des caractéristiques traitables. « C’est l’avènement d’une médecine holistique, personnalisée et préventive, basée sur des biomarqueurs plutôt que sur la classification traditionnelle des maladies comme l’asthme ou la BPCO, observe le professeur. Nous menons des recherches au quotidien pour identifier ces marqueurs prédictifs de réponse au traitement. »
Pierre Mongis
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Maladies repiratoires réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 25 janvier 2025.