Sclérose en plaques : une nouvelle page porteuse d’espoir

Pr Patrick Vermersch Neurologue, université de Lille et CHU de Lille.

Si aujourd’hui les médecins disposent d’un arsenal thérapeutique très performant dans les formes à poussées de la sclérose en plaques (SEP), la prise en charge des formes progressives restait jusqu’il y a peu sans réelle solution. Mais ces trois dernières années, la recherche a enfin amorcé un virage historique dans la compréhension et la prise en charge de ces formes, créant ainsi un réel espoir pour tous les malades avancés dans la maladie. Pourquoi et comment ?

On a longtemps pensé que seuls les lymphocytes T et B étaient en cause dans la SEP. On sait aujourd’hui que d’autres cellules sont impliquées dans la physiopathologie de la maladie, et plus spécifiquement dans la progression sournoise du handicap  : les cellules microgliales, les astrocytes et les mastocytes. Les avancées récentes dans la technique d’imagerie par IRM ont permis de visualiser, grâce à des séquences spécifiques, une couronne d’activité des cellules microgliales dans les lésions chroniques. Ces observations attestent que ces cellules jouent un rôle important dans la neurodégénérescence et donc la progression de la maladie. On comprend maintenant pourquoi les thérapeutiques utilisées jusqu’à maintenant n’étaient pas efficaces sur la phase progressive de la SEP : elles ciblaient les mauvaises cellules !

Cette découverte majeure a engagé les industriels du médicament dans la recherche frénétique de molécules ciblant la microglie, et des essais de phase 2 et 3 ont été réalisés sur une classe déjà très prometteuse : les inhibiteurs de tyrosine kinase, ou TKi. Sélectifs et puissants, les TKi pénètrent très bien le parenchyme cérébral et agissent également sur les lymphocytes B, en plus de leur action sur la microglie. Cette double activité représente une vraie rupture dans l’approche de la SEP !

L’espoir concerne également le problème des contractures souvent douloureuses. Les excellents résultats de l’étude SAVANT, évaluant le cannabis thérapeutique déjà disponible en Europe, pourraient relancer le dossier d’approbation de ce traitement par la France, pour le mieux-être de milliers de malades.

Enfin, l’étau se resserre autour du virus d’Epstein-Barr, comme élément déclencheur de la SEP, avec des stratégies vaccinales en cours et des recherches de nouvelles thérapeutiques antivirales.


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Sclérose en plaques réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 31 mai 2022.

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