ARNm, un avenir prometteur au-delà du Covid-19

Pionnier de la technologie ARNm, Moderna en explore tous les potentiels, notamment pour les virus respiratoires. Eclairage avec Sandra Fournier, Directrice générale de Moderna France, et Arnaud Chéret, Directeur médical de Moderna France.

Moderna a été créée en 2010. En 2011, Stéphane Bancel en devient le Président-Directeur général et, dès lors, fait le pari de la technologie à ARNm. « A partir du moment où le séquençage du virus SARS-CoV-2 a été connu, nos chercheurs qui avaient l’expérience de la technologie à ARNm ont pu concevoir un vaccin contre le Covid-19 en deux jours, puis un premier lot de candidats vaccins pour les essais en seulement 42 jours ! C’est un véritable exploit tant sur le plan scientifique qu’industriel et économique, souligne Sandra Fournier. Moderna est alors passé d’une société de recherche dans le domaine de l’ARNm à une entreprise commerciale avec une usine de fabrication, et nous sommes actuellement en discussion pour l’implantation d’une usine en Europe. Aujourd’hui, notre programme de recherche porte sur 48 candidats vaccins ou traitements à ARNm. »

L’ARNm permet de s’adapter très vite aux virus

La technique des vaccins à ARNm est différente de celle utilisée pour les vaccins traditionnels, mais le principe reste le même : induire une réponse immunitaire pour se protéger contre le pathogène visé. « Elle consiste à injecter un brin d’ARNm de synthèse qui va apporter les informations aux cellules pour qu’elles fabriquent de manière naturelle une protéine spécifique du virus en question qui déclenchera la réponse immunitaire, précise Arnaud Chéret. Cette technique se caractérise par une grande flexibilité et permet d’adapter rapidement un vaccin.  » C’est ainsi que Moderna a mis au point deux vaccins bivalents, ciblant à la fois le virus SARS-CoV-2 ancestral et des sous-lignages d’Omicron (respectivement BA.1 et BA.4-5).

Contre les autres virus respiratoires

Hors Covid-19, Moderna mène actuellement deux essais de phase III dans les infections respiratoires  : un vaccin à ARNm contre la grippe saisonnière et un autre contre le virus respiratoire syncytial (VRS). « En ce qui concerne la grippe, du fait de la flexibilité de la technologie à ARNm, nous pourrions imaginer fixer le choix des souches de la composition du vaccin au plus près de la saison automnale, déclare Arnaud Chéret. Contre le VRS, notre essai de phase III en cours évalue notre candidat vaccin chez les adultes de 60 ans et plus, chez qui les infections à VRS sont sous-estimées, car souvent non testées, mais qui peuvent être responsables de pneumonies.  »

Différents vaccins combinés, dirigés contre plusieurs virus à la fois, sont aussi à l’étude pour permettre d’optimiser la couverture vaccinale avec une seule injection comme avec un candidat vaccin Covid-19-grippe-VRS en phase I/II.

Christine Fallet


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Maladies respiratoires réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 28 janvier 2023.

Photos © Moderna France / DR