Le tabagisme étant le principal facteur de risque, le sevrage tabagique est une mesure de prévention indispensable, à laquelle peut s’ajouter un dépistage individuel des personnes à risque, en attendant un dépistage organisé… Le point avec le Pr Sébastien Couraud, Hospices civils de Lyon, Hôpital Lyon Sud.
En France, on dénombre plus de 46 000 nouveaux cas de cancer du poumon chaque année et environ 33 000 décès par an. Il s’agit de la première cause de mortalité par cancer. Principal responsable, le tabac est aussi la première cause de mortalité évitable pour de nombreuses maladies : il serait responsable de 75 000 décès par an en France. La fréquence du cancer du poumon progresse chez les femmes qui semblent plus sensibles aux méfaits du tabagisme. « Le cancer du poumon est un cancer de mauvais pronostic. Cependant, les derniers résultats de l’étude KBP-2020 montrent une nette amélioration, la survie à deux ans a pratiquement doublé en vingt ans », déclare le
Pr Sébastien Couraud. Ces progrès sont essentiellement dus aux nouveaux traitements (immunothérapie, thérapies ciblées). »
Tabac, expositions professionnelles, pollution…
A côté du tabagisme actif, le tabagisme passif dans l’enfance ou avec un conjoint fumeur favorise l’apparition de cancers du poumon chez des non-fumeurs. Les autres facteurs de risque sont essentiellement les expositions professionnelles (amiante…), le radon et la pollution atmosphérique. « Quant aux fumeurs de cannabis, des éléments laissent à penser qu’il existe une augmentation du risque de cancer du poumon qui survient plus précocement chez les usagers de cannabis »,
explique le spécialiste.
Le dépistage organisé à l’étude
« Le cancer du poumon, indolore, se développe de manière silencieuse et, dans deux tiers des cas, il est diagnostiqué à un stade tardif. » Or, le dépistage par scanner thoracique à faible dose a fait la preuve de son efficacité chez les fumeurs de plus de 50 ans (diminution de la mortalité liée au cancer de l’ordre de 20 %). « La prochaine révolution du cancer du poumon sera le dépistage organisé », prédit le Pr Sébastien Couraud. La Haute Autorité de Santé a donné son feu vert pour le déploiement d’un programme pilote. En attendant, les pneumologues et les généralistes peuvent proposer un dépistage individuel aux personnes à risque (par scanner et non par radiographie). Ce dépistage est indissociable du sevrage tabagique. »
Pour rappel, Tabac Info Service est disponible sur un site, une appli et par téléphone au 39-89.
Christine Fallet
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Maladies respiratoires réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 28 janvier 2023.
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