Pr Bruno Fautrel, rhumatologue, hôpital de la Pitié-Salpêtrière AP-HP.
L’expertise rhumatologique est très orientée vers les maladies inflammatoires. Certaines pathologies révèlent un faible niveau d’inflammation (arthrose, sciatique, radiculalgie…), d’autres, au contraire, présentent une forte activité inflammatoire (goutte, chondrocalcinose, rhumatismes inflammatoires… tout comme d’autres maladies auto-immunes ou auto-inflammatoires, fréquentes ou rares, par exemple la maladie de Still).
Les mécanismes de l’inflammation sont aujourd’hui bien mieux compris et les armes thérapeutiques plus nombreuses. Pour autant, au-delà des marqueurs biologiques, le patient doit être pris en charge dans sa globalité (prise en charge holistique). Les recommandations de prise en charge des rhumatismes inflammatoires chroniques insistent sur l’association des traitements médicamenteux et non médicamenteux, complémentaires, ayant fait preuve d’un certain niveau d’efficacité. L’objectif in fine étant de réinsérer le patient dans sa vie active, familiale, sociale et professionnelle. Ces dernières années, tous les services de rhumatologie ont développé cette prise en charge non médicamenteuse avec des équipes composées de professionnels de la rééducation : kinésithérapeutes, ergothérapeutes, psychomotriciens, enseignants en activité physique adaptée (APA), etc. Ces différents métiers permettent d’offrir une gradation des soins pour faire bouger les patients et leur apprendre comment mieux contrôler leurs symptômes douloureux. Les programmes de restauration fonctionnelle du rachis, par exemple, sont très importants pour éviter qu’une lombalgie installée ne se transforme en un handicap et une perte d’activité. Concernant la prise en charge de la douleur, le soutien psychologique, l’hypnose, la relaxation et la sophrologie sont désormais des méthodes reconnues.
Enfin, un autre facteur à prendre en compte est l’alimentation afin d’améliorer, là encore, l’état de santé global. Les régimes d’exclusion qui fleurissent sur Internet n’ont pas fait leurs preuves. Un régime équilibré de type méditerranéen et la lutte contre l’excès de poids sont conseillés.
Christine Fallet
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Rhumatologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 10 décembre 2024.