
Les travaux récents sur l’autisme démontrent les origines multifactorielles de ce trouble du neurodéveloppement, ouvrant la voie à de futurs traitements personnalisés en fonction des profils de patients.
Il touche près de 1 % de la population mondiale, avec quatre fois plus de risques chez les garçons que chez les filles. En France, l’Inserm estime qu’environ 700 000 personnes sont concernées par un trouble du spectre de l’autisme, dont 100 000 ont aujourd’hui moins de 20 ans. Et près de 8 000 enfants autistes naîtraient chaque année. Si le nombre de cas recensés augmente depuis dix ans, aucune étude, pour le moment, ne permet d’étayer une plus forte incidence : il est probable que les progrès du dépistage, ainsi que l’évolution des critères de diagnostic, expliquent en grande partie la hausse des cas diagnostiqués. « En général, la détection de l’autisme intervient entre 3 et 5 ans, mais c’est déjà tard, explique Florent Chapel, coprésident avec Samuel Le Bihan de la plateforme Autisme Info Service. Dès les premiers mois, les parents doivent être attentifs à certains signes d’alerte, comme des troubles de la communication (retard de langage, incapacité à montrer du doigt), des troubles du comportement (gestes répétés, obsessions inhabituelles) et des relations sociales perturbées. » Pour poser le diagnostic, un entretien structuré (ADI-R) est organisé avec les parents et l’enfant, suivi de tests d’évaluation (ADOS), et éventuellement d’examens complémentaires (bilan sanguin, IRM, EEG…) pour dépister des maladies associées. « Le dépistage précoce est un enjeu clé pour la prise en charge de l’enfant, précise Florent Chapel. Même s’il n’y a pas aujourd’hui de traitement médicamenteux, il existe des approches éducatives, comportementales et développementales (TCC : thérapies cognitives et comportementales) qui agissent sur les symptômes et permettent à l’enfant de faire des progrès. »
Quelles sont les causes de l’autisme ? En vingt ans, la recherche a beaucoup progressé, montrant que c’est un trouble aux origines multifactorielles, fortement influencé par le poids des facteurs génétiques. Outre la génétique, avec la découverte de plus 800 gènes impliqués, des travaux récents cherchent à identifier des causes environnementales, comme la pollution ou la perturbation du microbiote, ainsi que des atteintes virales ou un dysfonctionnement du système immunitaire.
« Ces recherches ouvrent la voie à la psychiatrie de précision, avec l’espoir, demain, de traitements qui cibleront les causes de l’autisme, et qui seront personnalisés en fonction du profil de chaque patient », indique Florent Chapel.
Antoine Combier
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Santé Mentale réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 11 octobre 2024.