Grand Angle Santé

L’immunothérapie au cœur des stratégies contre le mélanome

Indiquée contre le mélanome dès 2011, l’immunothérapie conserve une place centrale dans les stratégies thérapeutiques. Chef du service de dermato-cancérologie au CHU de Nantes, le Pr Brigitte Dreno en explique les enjeux.

Quel est le bilan après huit ans d’immunothérapie contre le mélanome ?

Attestant de taux de survie globale de 35  % à cinq ans avec un anti-PD1, une étude confirme l’efficacité à long terme de l’immunothérapie. La combinaison d’immunothérapie anti-PD1 + anti-CTLA-4 permet d’atteindre un taux de 52  %. Chez les patients en rémission complète confirmée, la durabilité des bénéfices permet d’arrêter un anti-PD1 seul ou associé à un anti-CTLA-4 et de rester en rémission deux à trois ans après. En cas de rechute, l’immunothérapie permettra d’obtenir une nouvelle réponse thérapeutique dans 50 % des cas. Il y a un avant et un après immunothérapie.

Comment gérer les combinaisons d’immunothérapies au quotidien ?

Associés, ces traitements génèrent davantage d’effets indésirables, souvent digestifs, endocriniens, cutanés et, plus rarement, neurologiques ou cardiologiques. Les centres experts savent les traiter efficacement dans les délais impartis, inférieurs à vingt-quatre heures.

Quelle sera la place de l’immunothérapie dans les stratégies thérapeutiques à venir ?

Deux anti-PD1 ont obtenu une autorisation de mise sur le marché en adjuvants, pour réduire le risque de rechute chez des patients à risque (ganglion sentinelle ou curage ganglionnaire positif). Optimiser les bénéfices de ces traitements requiert l’identification de marqueurs prédictifs de réponse. La prochaine étape sera la situation néo-adjuvante, avant les traitements curatifs. L’avenir voit également se dessiner différentes associations de thérapies ciblées et d’immunothérapies. Des études séquentielles de thérapies ciblées anti-BRAF et anti-MEK optimiseraient l’efficacité de l’immunothérapie, au prix d’effets indésirables fréquents. Une autre approche associe immunothérapie et TIL (tumour-infiltrating lymphocytes). Des protocoles sont en cours d’évaluation, tout comme pour l’association de nouveaux anticorps monoclonaux (anti-LAG-3, etc.) avec un anti-PD1.

Quelles autres innovations pourraient optimiser le traitement par immunothérapie ?

Le microbiome intestinal est une des pistes, l’impact des traitements antibiotiques ou celui de transplantation fécale sont en cours d’évaluation. Les marqueurs sanguins (LDH, CRP, IL-6) pourraient également permettre d’identifier les meilleurs candidats à ce type de traitement. Deep learning et blockchain seront des outils clés pour analyser les masses de données générées par les études.

Propos recueillis par Gézabelle Hauray

Credit photo : DR – infographie : Source: INCA

Article extrait du dossier Grand Angle réalisé par CommEdition, paru dans Le Monde

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