Le dépistage, la précision thérapeutique, l’évolution de l’imagerie, l’apport de l’intelligence artificielle et les innovations dans le mode d’administration contribuent à la personnalisation des traitements et à l’augmentation de la survie des patients ces trente dernières années.

En France, près de 900 000 personnes vivent avec un cancer du sein. Avec plus de 61  000 nouveaux diagnostics en 2023 et 12 600 décès en 2021, le cancer du sein demeure le cancer le plus fréquent et le plus meurtrier chez les femmes. Mais le dépistage et les évolutions technologiques et thérapeutiques ont considérablement fait évoluer le pronostic de la maladie (la survie nette standardisée sur l’âge à cinq ans en 2021 était de 88 %). En effet, le dépistage organisé a été mis en place il y a plus de vingt ans. Associé au dépistage individuel, il permet de diagnostiquer des lésions très tôt dans l’évolution de la maladie et contribue ainsi à faire reculer la mortalité, à limiter les traitements et à augmenter les chances de rémission. A l’heure actuelle, 6 cancers du sein sur 10 sont diagnostiqués à un stade précoce. L’évolution des appareils d’imagerie ont contribué à optimiser le dépistage, grâce à des dispositifs moins douloureux, plus ergonomiques. Leur logiciel embarqué d’intelligence artificielle pourrait également optimiser la détection des lésions et faire évoluer les parcours de dépistage en intégrant les deux lectures des clichés du dépistage organisé dans le même centre. Cette première étape contribue à la personnalisation du parcours de soins. Une individualisation qui se retrouve aussi dans la mise en place des stratégies thérapeutiques. Depuis plusieurs années, les avancées de la recherche vont dans ce sens, notamment avec l’arrivée révolutionnaire de la thérapie ciblée anti-HER2, véritable innovation de rupture qui a bouleversé le pronostic de la maladie ou, plus récemment, la mise à disposition de l’immunothérapie dans les cancers du sein triples négatifs.

Porteuse d’espoir dans les cancers du sein triples négatifs, l’immunothérapie ouvre également des pistes de réflexion dans la prise en charge d’autres sous-types de cancers du sein ou permet d’explorer d’autres inhibiteurs de points de contrôle (LAG-3, TIM-3 ou TIGIT). Anticorps conjugués et anticorps bispécifiques sont aussi des pistes de recherche vers des traitements toujours plus ciblés, menant les thérapies au cœur des tumeurs. La personnalisation repose également sur la désescalade thérapeutique, lorsqu’elle est possible. C’est notamment le cas dans les cancers du sein avec récepteurs hormonaux (RH+) et sans surexpression de HER2 (HER2–), qui représentent environ 70 % des cancers du sein. En fonction de leur niveau de risque de rechute, les patients peuvent éviter la chimiothérapie adjuvante. Ce niveau de risque est parfois difficile à estimer et les signatures génomiques permettent de guider le choix thérapeutique. Malheureusement, en France, le remboursement de ces tests est partiel. La personnalisation repose aussi sur la galénique des traitements. Si la voie intraveineuse a longtemps été privilégiée, la recherche s’oriente vers la voie sous-cutanée, notamment pour les thérapies anti-HER2. Cette évolution pourrait avoir des répercussions sur l’efficacité, l’optimisation de la qualité des traitements, mais aussi sur l’organisation des structures de soins.

Gézabelle Hauray



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Article extrait du dossier Grand Angle spécial Cancer du Sein réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 4 octobre 2025