Cancers du sein triples négatifs : recourir à l’immunothérapie

Arrivée il y a une dizaine d’années en oncologie, l’immunothérapie contribue depuis peu à l’optimisation de la prise en charge des cancers du sein triples négatifs. Eclairage du Pr Anthony Gonçalves, chef du service oncologie de l’institut Paoli-Calmettes à Marseille.

Quelle est la place de l’immunothérapie dans le traitement des cancers du sein ?

Le cancer du sein, initialement considéré comme peu immuno-sensible, n’a été concerné que récemment par l’immunothérapie. Aujourd’hui, ce type de traitement n’est indiqué que dans 10 à 20 % des cancers du sein, les cancers triples négatifs. Ce type de cancers, particulièrement agressifs, est hétérogène et seule une sous-catégorie de patientes est éligible à cette thérapie.

Dans quelles situations est-elle préconisée ?

L’immunothérapie est prescrite dans deux grandes situations dans le cancer du sein. D’une part, au stade avancé/métastatique en première ligne de traitement et en association à la chimiothérapie, lorsque la tumeur exprime le marqueur PD-L1. Cette combinaison augmente la survie des patientes et diminue la probabilité de décès d’environ 30 %. D’autre part, au stade localisé. En cas de tumeurs de plus de 2 cm ou en cas d’atteinte ganglionnaire axillaire, l’association chimiothérapie + immunothérapie est prescrite en situation néoadjuvante, avant la chirurgie et la radiothérapie et se poursuit en post-opératoire un peu plus de six mois. L’expression de PD-L1 n’est alors pas un prérequis. Toutes les patientes y sont éligibles. La survie à cinq ans est augmentée de 5 % et le risque de rechute est réduit de 35 %.

Quels sont les enjeux soulevés par l’immunothérapie dans le cancer du sein triple négatif ?

Seule une partie des patientes tire réellement un bénéfice de ces traitements. Or, l’immunothérapie expose à des effets indésirables qui sont souvent maîtrisés, mais qui peuvent être graves et irréversibles (cardio-vasculaires, nerveux, pulmonaires, etc.). Si le rapport bénéfices/risques reste favorable, il est nécessaire d’identifier des marqueurs qui nous permettront de prescrire une immunothérapie aux seules patientes qui en tirent un bénéfice, sans exposer inutilement à ces effets indésirables.

Comment augmenter encore son efficacité ?

Des pistes étudient l’immunothérapie associée à un anticorps conjugué ou les anticorps bispécifiques qui rapprochent les cellules immunes des cellules cancéreuses. Au-delà de l’axe PD-L1 / PD-1 qui est aujourd’hui visé, d’autres systèmes de contrôle du système immunitaire sont en cours d’exploration.

Gézabelle Hauray



Photo © @med_elhamzaoui / DR

Article extrait du dossier Grand Angle spécial Cancer du Sein réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 4 octobre 202