Cancer du sein : optimiser l’accès aux thérapies anti-HER2

Révolutionnée il y a plus de vingt ans par une thérapie ciblée, l’innovation des thérapies anti-HER2 se poursuit pour améliorer la qualité, l’efficacité et l’accès aux traitements. Interview du Pr Xavier Pivot, oncologue médical à l’Institut de cancérologie de Strasbourg.

Qu’est-ce que le cancer du sein dit « HER2+ » ?

Parler de sous-type HER2+ est un abus de langage. Il s’agit d’une caractéristique qui peut apparaître dans différents sous-types (luminal ou basal) traités différemment, sauf s’ils ont la caractéristique HER2+ qui est devenue il y a plus de vingt ans une cible thérapeutique majeure. Cette révolution repose sur l’arrivée du trastuzumab, le premier anticorps anticancéreux à entrer sur la liste des médicaments essentiels de l’OMS. Pour permettre un accès plus large à ce traitement, les biosimilaires ont été conçus. Ils représentent une innovation clé qui a favorisé son utilisation dans le monde entier et sauvé de nombreuses vies. Ce trastuzumab a été aussi la base d’une nouvelle classe thérapeutique à l’efficacité redoutable : les anticorps conjugués, où il est combiné avec des molécules de chimiothérapie.

Comment préserver la qualité et l’efficacité de ces traitements ?

Ces traitements biologiques comme le trastuzumab sont issus du vivant, ce qui implique une immense rigueur dans la qualité de la fabrication et nous pouvons être confiants dans la qualité de notre industrie pharmaceutique. Mais les contrôles en sortie d’usine ne peuvent être considérés comme suffisants, quand, par la suite, des stress externes peuvent altérer la molécule avant son injection et être à l’origine d’une perte de chance colossale pour les patients en dégradant son efficacité.

Quels sont les progrès attendus dans ces nouveaux traitements ?

Alors que jusqu’ici la voie intraveineuse était le standard, le développement de la voie d’injection sous-cutanée ouvre des pistes prometteuses. Son arrivée transformerait la prise en charge, les patients pourraient être traités de manière plus aisée et rapide, parfois chez eux. La voie sous-cutanée représente d’importants challenges et nécessite de nouveaux excipients, stabilisants et surfactants, dont le développement est aujourd’hui intensifié. Des technologies innovantes, telles que les hydrogels, permettent d’optimiser l’efficacité de ces traitements tout en améliorant leur stabilité et leur protection. Ces avancées ouvrent des perspectives pour contribuer à un meilleur accès aux traitements, renforcer leur efficacité et préserver la qualité de vie des patients.

Gézabelle Hauray



Photo © Nis&For Stasbourg / DR

Article extrait du dossier Grand Angle spécial Cancer du Sein réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 4 octobre 2025