Le Dr Afifa Lahrache, Directrice médicale oncologie de Gilead France, revient sur l’importance des soins de support dans la prise en charge du cancer.
Quel regard portez-vous sur l’accompagnement des patients en oncologie aujourd’hui ?
Il y a eu ces dernières années des avancées considérables en oncologie. Les progrès de la recherche ont permis d’améliorer la survie des personnes atteintes de nombreux cancers. Alors que l’on vit de plus en plus longtemps avec un cancer, la notion de « vivre avec » la maladie prend tout son sens. Plus que jamais, la prise en charge d’un cancer ne doit pas se limiter au traitement de la seule maladie, et chaque patient doit pouvoir être accompagné sur le plan physique, psychologique et social pour un meilleur vécu de sa pathologie et des traitements. La mission première de Gilead, en tant qu’entreprise pharmaceutique, est de contribuer à la découverte et à la mise à disposition de médicaments innovants pour les patients. Nous orientons notre recherche sur les cancers difficiles à traiter, pour lesquels il subsiste un fort besoin médical non couvert, comme le cancer du sein au stade métastatique. Mais notre rôle va au-delà de la recherche médicale. Ainsi, nous nous engageons dans une approche globale de prise en charge des patients, pour les accompagner dans leur parcours de soins et apporter des solutions allégeant le fardeau physique et émotionnel de la vie avec le cancer, particulièrement lorsque celui-ci est à un stade avancé. En lien avec les différents acteurs de la lutte contre le cancer – institutionnels, associations de patients, professionnels de santé – nous travaillons pour améliorer le vécu de la maladie et assurer la meilleure qualité de vie possible, grâce notamment aux soins dits de support.
Alors que l’on vit de plus en plus longtemps avec un cancer, la notion de “vivre avec” la maladie prend tout son sens.
Où en sont ces soins de support en France ?
L’offre de soins oncologiques de support a été officiellement définie en 2005 comme « l’ensemble des soins et soutiens nécessaires aux personnes malades tout au long de la maladie conjointement aux traitements onco-hématologiques spécifiques, lorsqu’il y en a ». Depuis, l’accès aux soins oncologiques de support s’est développé, mais reste hétérogène selon les territoires, et il persiste une grande disparité de la prise en charge tout au long du parcours de soins. Pour mieux appréhender la couverture des besoins et les attentes exprimées par les patients, Gilead a soutenu le troisième baromètre de l’Afsos, Association francophone des Soins oncologiques de support, enquête menée en 2023 auprès de 1 259 professionnels de santé et 2 660 patients, dont près de la moitié avait un cancer du sein. Il ressort de cette enquête que deux tiers des patients ont un accès effectif aux soins de support nécessaires, mais sans pour autant qu’ils aient accès à l’ensemble des soins de support dont ils auraient besoin. Par ailleurs, près d’un tiers des patients n’a pas eu l’accès souhaité et seulement 17 % des patients ont vu leurs besoins en soins de support évalués après la phase de traitement. Il reste donc une marge de progression non négligeable pour améliorer l’accessibilité aux soins de support, tant au sein des établissements de santé qu’en ville.
Plus particulièrement, quelle est la contribution de Gilead dans le domaine des soins oncologiques de support ?
Le troisième baromètre de l’Afsos soutenu par Gilead, dont nous venons de parler, a permis de faire un état des lieux indispensable à la mise en place de mesures concrètes et adaptées dans le domaine des soins de support en oncologie. Notre engagement dans l’accompagnement des personnes vivant avec un cancer s’illustre également par le soutien de nombreuses actions de soins de support. Ainsi, nous travaillons avec des organisations et associations de patients pour soutenir le déploiement d’initiatives nationales et locales qui couvrent la diversité des besoins en soins de support, aux différents stades de la maladie, et contribuent également à réduire les inégalités territoriales d’accès à ces mesures d’accompagnement. A titre d’exemple, nous apportons notre soutien institutionnel aux programmes d’activité physique thérapeutique de la Cami Sport et Cancer, à l’hôpital, en ville et à distance, pour les patients confrontés à cette maladie, et dont près de la moitié vit avec un cancer du sein. Nous soutenons également les actions de nombreuses autres associations, comme des séances de bien-être à l’hôpital, des séances d’art-thérapie, de yoga et de nutrition. Par ailleurs, nous parrainons des initiatives visant à lutter contre la précarité et l’isolement social des patients, ainsi que des relais d’information sur la maladie et ce qu’elle implique au quotidien. Un grand nombre de ces initiatives s’adresse particulièrement aux patientes atteintes de cancer du sein métastatique, pour répondre aux besoins spécifiques qu’implique la vie avec cette maladie et permettre d’élargir l’offre de soins de support pour ces patientes, qui peuvent parfois s’en sentir éloignées aujourd’hui.
Gézabelle Hauray
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Cancer du sein réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 5 octobre 2024.
