C’est une réalité pour plus de 9 millions de personnes en France : accompagner chaque jour un proche malade, âgé ou en situation de handicap. Ces aidants, peu visibles mais essentiels, assument une charge souvent trop lourde. Prévenir leur épuisement, reconnaître leur rôle et leur donner accès à des ressources lisibles et adaptées est aujourd’hui un enjeu de société.
Être aidant ne s’anticipe souvent pas : la situation peut survenir brutalement ou s’installer insidieusement. Une aide ponctuelle peut devenir une charge incommensurable, jusqu’à bouleverser et mettre en danger la vie de celui qui aide. Deux millions d’aidants sont dans des situations très dégradées, entre charge mentale élevée, santé affectée, difficultés financières, impact professionnel et, parfois, rupture sociale. Pourtant, nombre d’aidants peinent à se reconnaître comme tels. Paradoxalement, en cherchant à protéger leur proche, ils mettent leur propre équilibre en danger. Reconnaître son rôle d’aidant et l’assumer pleinement est donc une première étape décisive pour s’ouvrir à l’extérieur et avoir recours à des aides.
Cette prise de conscience ouvre la voie à une meilleure qualité de vie et permet d’éviter que l’aidant ne s’efface derrière son rôle. Au niveau collectif, la reconnaissance des aidants comme acteurs à part entière de la solidarité nationale progresse. Des dispositifs d’information, de prévention et de répit se développent, ainsi que des initiatives pour soutenir ceux qui concilient emploi et aidance. Ces avancées témoignent d’une prise de conscience : il ne peut y avoir de politique de l’autonomie sans une politique de soutien aux aidants. Les acteurs de la société, publics ou privés, se mobilisent : employeurs, tels qu’assureurs mutualistes par exemple, associations d’aidants, psychologues, entreprises à mission… Ils informent, orientent, soutiennent, accompagnent et soulagent les aidants, via des initiatives multiples qui concourent à leur éviter l’épuisement et la perte d’identité. Car protéger les aidants, c’est garantir aux personnes fragilisées un accompagnement digne et durable. C’est aussi rappeler que derrière chaque chiffre se cachent une relation humaine, un équilibre à préserver et un combat quotidien mené dans la dignité.
Sandrine Mosetti
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Article extrait du dossier Grand Angle spécial Aidants réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 7 octobre 2025.
