Dans un monde de plus en plus anxiogène, leur prévalence augmente. Les troubles mentaux constituent un défi de santé publique majeur qui appelle à mieux soutenir l’innovation et mieux structurer la prise en charge.

Déclarée Grande Cause nationale en 2025, la santé mentale a fait l’objet d’une présence médiatique inédite cette année, avec la multiplication d’émissions sur les canaux médiatiques traditionnels et d’innombrables déclinaisons sur les réseaux sociaux. De nombreux événements ont également mobilisé les professionnels de santé du secteur. Incontestablement, l’un des buts aura été atteint : sortir les pathologies psychiques et psychologiques du « tabou » qui les caractérise. Beaucoup de personnalités ont tenu à témoigner, pour eux ou leurs proches, par exemple sur des épisodes dépressifs ou sur la bipolarité, à l’instar du journaliste Nicolas Demorand. Pour les millions de malades, c’est un peu de réconfort, la sensation d’être moins seul, parfois même la possibilité d’oser en parler. Cependant, le chemin sera long avant de pouvoir répondre aux besoins. D’abord, parce que les troubles psychiques et psychologiques ne cessent de progresser. Selon Santé publique France, environ 20 % des Français déclarent avoir vécu un épisode dépressif au cours de leur vie, et près de 10  % en ont souffert au cours des douze derniers mois.

Près de 1 Français sur 5 présente des symptômes d’anxiété généralisée. Plus de 30  % des Français déclarent souffrir de troubles du sommeil, dont l’insomnie chronique touche environ 16  % de la population. Enfin, 5  % des Français ont déjà eu des pensées suicidaires au cours de l’année écoulée, et le suicide reste la deuxième cause de mortalité chez les 15-24 ans. Sur le plan de la prise en charge, le système de santé n’est pas à la hauteur des enjeux. Si, en 2023, 13  % des Français ont consulté un professionnel en santé mentale (psychologue, médecin…), les délais d’accès aux consultations spécialisées sont, en moyenne, de soixante-sept jours, avec de grandes disparités territoriales. La spécialité de psychiatrie souffre d’une démographie en berne, et se dit insuffisamment tarifée. Mal suivies, mal traitées, ces maladies sont, pour une partie, synonymes de handicap durable, à défaut de solutions de santé capables de guérir les patients. Heureusement, des avancées récentes en termes d’innovation, thérapeutiques ou numériques, permettent d’envisager de meilleures réponses aux besoins des patients. La psychiatrie de précision, qui s’appuie notamment sur une meilleure connaissance des pathologies, mais également sur un ciblage des patients répondant potentiellement aux traitements, offre de nouveaux espoirs pour améliorer le soin.

Stéphane Corenc



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Article extrait du dossier Grand Angle spécial Santé mentale réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 11 octobre 2025.