Innovation : à l’assaut des cancers à mauvais pronostic

Olivier Zambelli, président et general manager, et le Dr Irène de La Porte, directrice médicale d’Astellas Pharma France

Olivier Zambelli, président et general manager, et le Dr Irène de La Porte, directrice médicale d’Astellas Pharma France, détaillent l’engagement du laboratoire japonais en oncologie.

Comment vous-impliquez-vous chez Astellas, dans la lutte contre le cancer ?

Olivier Zambelli : Acteur historique dans la transplantation,Astellas s’est diversifié depuis plus de dix ans dans l’oncologie,qui constitue aujourd’hui notre première aire thérapeutique et la moitié de nos investissements en recherche et développement, avec les thérapies géniques et cellulaires. Le groupe se concentre sur la mise à disposition de médicaments contre certaines formes de cancers agressifs. Nos équipes de chercheurs s’appuient sur des plateformes technologiques de pointe, capitalisant sur l’intelligence artificielle et la robotique pour mieux comprendre les caractéristiques moléculaires des tumeurs, développer des thérapies de précision et identifier au mieux les patients présentant les caractéristiques génétiques susceptibles de mieux répondre aux traitements.

Quels sont,selon vous,les principaux défis posés par la lutte contre le cancer ?

O. Z. :La lutte contre le cancer s’est considérablement accélérée ces dernières années. Au-delà des défis scientifiques, cette dynamique crée de nouveaux paradigmes pour les systèmes de santé, qui doivent garantir l’accès des patients aux traitements dont ils ont besoin. Avec l’Accès précoce, la France a créé un dispositif favorable à l’innovation, qui a, ces dernières années,permis aux patients de disposer de traitements efficaces avant même leur autorisation de mise sur le marché. Cependant, les projets de réforme en cours sur ce dispositif sont très pré-occupants et pourraient conduire à court terme à une diminution significative de l’accès des patients français à l’innovation en oncologie.

Vous êtes notamment positionnés sur le traitement du cancer de la prostate. Pour quels bénéfices ?

O.Z. :Bien qu’il soit d’évolution lente, avec un pronostic favorable pour la majorité des patients, le cancer de la prostate demeure un enjeu majeur de santé publique. Il représente 25 % des cancers masculins, avec 60 000 nouveaux cas par an en France, et constitue la 3e cause de mortalité par cancer chez les hommes, en raison de formes résistantes.

Irène de La Porte : La classe des inhibiteurs des récepteurs aux androgènes a révolutionné la prise en charge du cancer de la prostate depuis de nombreuses années. Particulièrement efficaces, ces traitements permettent d’obtenir 90 % de survie à cinq ans et 80 % à dix ans. Nous avons permis de traiter plus de 1,5 million de patients dans le monde. Nos pistes de recherche se concentrent sur de nouvelles générations d’inhibiteur de la bio- synthèse des androgènes et les développements en association avec de nouvelles thérapies ou des modalités innovantes.

Vous êtes également focalisés sur les cancers de mauvais pronostic. Quelle est votre approche ?

I.d.L.P. : En effet, Astellas s’implique dans la prise en charge des cancers digestifs, dont l’incidence est en forte augmentation, notamment concernant le cancer du pancréas, mais également dans la prise en charge des cancers urothéliaux et bientôt du cancer du poumon. Pour apporter de nouveaux bénéfices aux patients, nous explorons de nouvelles modalités scientifiques comme le ciblage de la dégradation des protéines, les anticorps bispécifiques, les anticorps conjugués et les immunomodulateurs. Nous travaillons à permettre le déploiement de l’ensemble de nos programmes de recherche clinique en France, tout en renforçant les partenariats publics-privés. Notre collaboration ré- cente avec les équipes de Gustave-Roussy illustre cette dynamique, visant à accélérer la recherche sur la compréhension des mécanismes de réponse et de résistance de ces nouvelles molécules.

Le ministère de la Santé a annoncé récemment la constitution d’un registre national sur les cancers. Dans quel but?

I.d.L.P. : Il est essentiel de pouvoir agréger l’ensemble des données existantes en France sur le cancer, et de systématiser cette approche de façon homogène au niveau national, à la fois pour mieux comprendre la vie « réelle » des patients, vérifier l’impact effectif des traitements, et aussi explorer les inégalités territoriales d’accès aux soins. C’est une initiative que nous saluons et à laquelle nous serions heureux de participer, car cela va être un outil essentiel pour contribuer aux programmes de recherche, de prévention, de dépistage, d’accès aux innovations et de suivi de la qualité de soins et d’amélioration de la survie.

Propos recueillis par Pierre Mongis


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Photo © Astellas Pharma France / DR

Article extrait du dossier Grand Angle spécial Cancer réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 18 octobre 2025.