Du 17 au 21 octobre, la communauté mondiale des chercheurs et oncologues se retrouve à Berlin dans le cadre du congrès de l’ESMO. Un moment clé pour accélérer le progrès thérapeutique, à l’heure où de nouveaux enjeux se profilent, notamment sur les cancers des femmes et des jeunes.
Quatre-cent-trente mille cas en 2023… Selon une étude parue dans The Lancet fin septembre, la France arriverait en tête des pays les plus touchés par le cancer, rapportée à sa population, soit 389,4 cas pour 100 000 habitants. Une incidence qui s’expliquerait majoritairement par les modes de vie à risque (alcool, tabac, sédentarité…), mais également par l’exposition à la pollution environnementale, dont l’impact reste néanmoins difficile à mesurer. En France, le cancer reste la principale cause de décès (27 %), devant les maladies cardiovasculaires (21,4 %) et les maladies de l’appareil respiratoire (hors Covid, soit 6,7 %). Parmi les motifs de préoccupation, deux données interrogent : la hausse des cancers chez les femmes (notamment pour ceux causés par l’alcool et le tabac), et la hausse des cancers chez les adultes de 20 à 40 ans, en forte augmentation depuis trente ans pour certains cancers d’organes (côlon, pancréas, thyroïde, sein, rein, petit intestin et corps utérin).
Ces chiffres démontrent, plus que jamais, la nécessité d’accélérer et de renforcer les politiques publiques de soutien à la lutte contre les cancers. Sur la prévention et le dépistage, d’abord, alors que la France accuse un retard chronique, par exemple sur le dépistage du cancer du sein (46 % de taux de participation de la population cible, contre 54 % en Europe), ou celui du cancer colorectal (29 %, contre 44 %). Seconde priorité, afin de progresser dans la compréhension de la maladie et le suivi des malades en vie réelle, il faut, enfin, constituer un registre national… généralisé partout ailleurs dans les pays développés. Le 30 juin, une loi l’a prévu, mais le décret d’application fait les frais de l’instabilité politique. Enfin, tous les efforts doivent se concentrer sur l’accès des patients à l’innovation thérapeutique, en progrès continu dans le combat contre le cancer, mais qui tarde le plus souvent à atteindre le marché français.
Pierre Mongis
Destruction d’une cellule cancéreuse vue au microscope, traitement ciblé.
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Article extrait du dossier Grand Angle spécial Cancer réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 18 octobre 2025.