Vitiligo : sortir de la dénégation, entrer dans l’espoir

Martine Carré, présidente de l’Association française du Vitiligo.


Près d’un million de personnes vivent avec le vitiligo en France. Une maladie de la peau encore trop souvent assimilée à un simple problème esthétique. Pourtant, derrière les taches dépigmentées, ce sont des vies bousculées, une estime de soi fragilisée, parfois un isolement profond. Parce qu’il est visible, le vitiligo expose immédiatement au regard des autres, à la gêne, aux questions intrusives et aux préjugés. Les conséquences psychosociales sont majeures : anxiété, perte de confiance, difficultés à l’école ou au travail, harcèlement chez les plus jeunes, frein à la vie sociale ou affective chez les adultes. Beaucoup de malades finissent par se cacher, éviter les rencontres, renoncer à certaines ambitions. La maladie devient alors double : celle de la peau et celle du regard porté sur soi. Pourtant, un tournant historique s’annonce.

De nouveaux traitements ouvrent enfin une perspective d’amélioration réelle. Ils ne représentent pas seulement un progrès médical : ils redonnent aux patients la possibilité de reprendre le contrôle, d’enrayer l’évolution de la maladie, de retrouver une pigmentation parfois significative. Ils restaurent surtout ce que le vitiligo attaque en premier : la dignité et la confiance. Mais ces avancées ne suffiront que si la société change son regard. Il est indispensable de mieux informer, de former les professionnels de santé et de reconnaître pleinement l’impact psychosocial du vitiligo. L’espoir existe. À nous de faire en sorte qu’il s’accompagne d’une société bienveillante, où chacun puisse vivre avec sa peau sans craindre le jugement.

Propos recueillis par Christine Fallet


Photo : © AFV / DR

Articles extraits du dossier Grand Angle spécial Dermatologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 1er décembre 2025.