À l’heure de l’intelligence artificielle et de la robotique, certaines réalités scientifiques bousculent notre vision du corps humain. C’est le cas du microbiote, dont le rôle désormais reconnu comme essentiel transforme notre rapport à la santé.
L’être humain n’est plus perçu comme un organisme isolé, uniquement déterminé par son patrimoine génétique. Il est un véritable écosystème vivant, composé de son propre corps et des milliards de micro-organismes qui l’habitent et l’entourent. Cet ensemble, que l’on nomme le microbiote, dialogue en permanence avec nos cellules, influençant nos fonctions biologiques, notre métabolisme et même nos émotions. Les trois premières années de notre vie sont cruciales : elles voient se construire une biodiversité microbienne déterminante pour notre santé. Par la suite, notre microbiote continue son évolution, modelé par notre âge, notre hygiène de vie ou les traitements médicamenteux.
Vers une médecine de l’écosystème
Ce changement de regard ouvre la voie à une médecine qui pense l’humain en écosystème et relie le corps à son environnement, plutôt que de le considérer en vase clos. Il oriente la pratique vers une prise en charge personnalisée des patients, fondée sur la dimension diagnostique et prédictive du microbiote, véritable signature microbienne de chacun. Cette approche relie la santé humaine à celle de son environnement : les microbiotes du sol, de l’air, des animaux ou des plantes participent eux aussi à notre équilibre.
L’urgence de la biodiversité microbienne
Comprendre ces interactions éclaire l’émergence des maladies de civilisation comme les allergies, le diabète de type 1, les maladies inflammatoires ou auto-immunes et ouvre la voie à une médecine de la prévention, centrée sur la qualité du vivant et la durabilité de la santé. Cependant, la réduction de la biodiversité microbienne, conséquence de modes de vie modernes, urbains et aseptisés, doit désormais nous alerter. Cet appauvrissement fragilise directement notre système immunitaire et favorise l’émergence de maladies chroniques. Retisser un lien vivant avec la nature à travers une alimentation diversifiée, renouer le contact avec les écosystèmes naturels ou limiter les excès d’hygiénisme deviennent un enjeu majeur de santé publique. Préserver notre biodiversité microbienne, c’est préserver notre avenir.
Sandrine Mosetti
Photo : © anatolii_97565 / Anat art – stock.adobe.com / DR
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Microbiote réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 20 novembre 2025.












