Mieux faire connaître les traitements de la ménopause

Deux ans après la publication des recommandations de prise en charge de la ménopause, le niveau de traitement en France a peu évolué. Echange avec le Pr Patrice Lopes, gynécologue à Saint-Herblain (Loire-Atlantique).

Quel écho ont eu les recommandations de prise en charge de la ménopause ?

Les recommandations françaises portées par le Collège national des gynécologues et obstétriciens français (CNGOF) et le Groupe d’étude sur la ménopause et le vieillissement hormonal (Gemvi) ont fait l’objet d’un travail approfondi sur le traitement hormonal de la ménopause (THM) et le traitement hormonal substitutif de la ménopause (THS) destiné aux femmes souffrant d’insuffisance ovarienne prématurée. Ces recommandations ont été publiées au niveau national(1), mais aussi international(2). Elles n’ont eu que peu d’impact en pratique. Seules 6 % des femmes sont traitées dans l’Hexagone. Les professionnels de santé concernés ont été formés à une époque où le traitement hormonal avait mauvaise presse. Depuis, une partie de la communauté scientifique se mobilise notamment à travers les congrès, comme à Atlanta ou à Lisbonne il y a quelques mois. Malheureusement, peu de praticiens français étaient présents.

Comment les pratiques ont-elles évolué dans le monde ?

Aux Etats-Unis, au Canada et en Grande-Bretagne, une hausse de 6 à 12 % des prescriptions de THM a été notée depuis que des influenceurs et politiques se sont approprié le sujet et l’ont porté dans la sphère publique et parlementaire. En France, malheureusement, aucune personnalité de la société civile ne s’en est emparée. Ce qui témoigne du tabou qui est encore associé à la ménopause. En France, 50 % des femmes se disent mal informées sur la ménopause, sur ses conséquences et ses traitements. Pourtant, il est important que les femmes sachent que la ménopause, qui marque l’arrêt du fonctionnement des ovaires, est associée à une altération de la qualité de vie, à une augmentation des risques cardio-vasculaires et ostéoporotiques. Ces risques peuvent être prévenus par les estrogènes, au mieux administrés par voie cutanée, après individualisation de la balance bénéfices-risques.

Gézabelle Hauray

(1) Gyn. Obst. Fert. et sénologie 2021 ; https:// doi.org/10.1016/ j.gofs.2021.03.010.

(2) Maturitas 163 (2022) 62–81. https://doi.org/10.1016/j.maturitas.2022.05.008.


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Santé des femmes réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 26 janvier 2023.

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