
Laurence Faboumy, directrice générale, confirme l’ambition de l’entreprise : transformer la vie des patients atteints de maladies de peau. Rencontre.
2025 marque une étape importante pour Almirall en France. Pouvez-vous nous en dire plus ?
Après avoir établi notre position en dermatologie avec un traitement biologique du psoriasis en 2020, nous avons franchi un nouveau cap en 2025 avec un nouveau traitement de la dermatite atopique. Cette maladie inflammatoire chronique touche près de 3 millions d’adultes et d’adolescents en France et reste extrêmement invalidante, tant sur le plan physique que psychologique, notre ambition est de leur apporter une nouvelle alternative thérapeutique.
Qu’est-ce que le lancement de ce nouveau traitement change pour les patients et pour Almirall ?
Pour les patients, c’est une avancée concrète : ce traitement biologique offre une réelle perspective de rémission de la maladie à long terme, avec un impact majeur sur l’intensité du prurit et un confort de suivi du traitement avec une injection mensuelle. Pour Almirall, cela assoit notre rôle d’acteur engagé en dermatologie médicale. Notre entreprise se développe pour accompagner ce lancement stratégique.
Dans quelle mesure Almirall s’inscrit-il dans une démarche à l’écoute des patients et des professionnels de santé ?
Nous poursuivons deux objectifs : d’une part, faire progresser la science en générant des données de vraie vie qui permettent de mieux documenter les pathologies et l’efficacité des traitements dans le quotidien des patients et, d’autre part, aller au-delà des données cliniques en intégrant la voix des patients dans toutes nos réflexions et nos projets.
Quels sont vos prochains objectifs ?
Almirall est désormais un acteur reconnu en France dans l’écosystème de la dermatologie. En nous tournant vers le futur, nous voulons continuer à faire progresser la recherche scientifique et enrichir notre pipeline pour répondre à des besoins médicaux encore peu couverts. Nous travaillons activement sur des innovations dans des domaines comme la maladie de Verneuil, la pelade, le vitiligo et certains cancers cutanés. Nous souhaitons mettre à disposition des patients des solutions efficaces et adaptées à leur quotidien, tout en faisant avancer la science là où les options thérapeutiques restent limitées.
Propos recueillis par Christine Fallet
Vers une prise en charge personnalisée

De nouvelles approches thérapeutiques révolutionnent le traitement de la dermatite atopique modérée à sévère. Interview du Pr Sébastien Barbarot, dermatologue au CHU de Nantes.
Quels sont les progrès récents ?
Les traitements ont beaucoup évolué ces dernières années. Depuis 2018, de nouveaux médicaments biologiques sont apparus, d’abord chez l’adulte, puis chez l’enfant (dès l’âge de 6 mois pour certains). Aujourd’hui, notre panel thérapeutique pour les formes modérées à sévères s’est élargi et comprend six traitements systémiques. Ces nouvelles options ont complètement changé la vie des patients qui souffraient de ces formes de dermatite atopique, impactant considérablement leur état de santé général, leur état psychologique et leur qualité de vie. Il s’agit d’anticorps monoclonaux ciblant différentes interleukines impliquées dans la physiopathologie de la dermatite atopique, administrés sous forme injectable et de petites molécules ciblant les récepteurs Janus kinases, administrés sous forme orale. Ces médicaments sont bien tolérés et présentent peu d’effets secondaires. Le choix de la molécule se fait en fonction du profil du patient (son âge, ses comorbidités…) et en tenant compte de ses préférences quant à la voie d’administration.
Que peut-on encore espérer à l’avenir ?
La recherche est très active afin de mieux comprendre comment utiliser ces nouveaux traitements et comment personnaliser au mieux la prise en charge. Des questions restent en suspens : une fois le contrôle de la dermatite atopique obtenu, peut-on espacer les prises de médicaments, voire cesser de les prendre ? à quel moment ? chez quels patients ? La prochaine étape sera de pouvoir arrêter le traitement, sans que la maladie ne revienne. Des études visent également à mieux identifier les profils des patients et à trouver des biomarqueurs ou des marqueurs cliniques qui permettraient de savoir pour un patient à quel type de traitement il serait répondeur.
Propos recueillis par Christine Fallet
Psoriasis : une solution pour chaque patient

Pour les patients souffrant de formes modérées à sévères de psoriasis, il existe désormais un vaste choix de traitements efficaces et adaptés à chaque situation clinique. Explications du Pr Denis Jullien, dermatologue au CHU de Lyon.
Quelles sont les évolutions dans les nouvelles recommandations de prise en charge du psoriasis dévoilées en octobre dernier ?
Ces recommandations marquent d’importantes avancées. D’abord, l’ouverture à l’utilisation des biothérapies en première ligne chez les patients nécessitant un traitement systémique, notamment en cas de formes sévères ou d’échec des topiques. Cette approche vise à améliorer la prise en charge en tenant compte de la balance bénéfice-risque et des critères de sévérité. Autre avancée importante, pour les patients en rémission complète, réduire la pression thérapeutique en espaçant les injections des molécules qui le permettent ou réduire la dose injectée. Une stratégie qui s’inscrit dans une personnalisation des traitements. La mise en application de ces évolutions reste conditionnée à une évolution du cadre de remboursement actuel.
Qu’apportent les thérapies ciblées ?
Tous ces médicaments ont une efficacité remarquable et permettent, pour certains, avec un faible nombre d’injections annuelles de normaliser, totalement ou presque complètement, la peau chez une majorité de patients. De plus, les biothérapies pourraient réduire le risque d’apparition d’un rhumatisme psoriasique, mais cela reste à prouver.
Face à cet arsenal thérapeutique, comment se fait le choix du médicament ?
Les stratégies individualisées et partagées par le patient prennent en compte la localisation, la surface de peau touchée, le retentissement sur la qualité de vie, les préférences du patient, les contre-indications, la présence éventuelle d’un rhumatisme psoriasique ou des maladies associées (diabète, obésité, dyslipidémie, hypertension). Il existe un traitement pour chaque situation. Une femme enceinte peut être traitée. Les patients qui ont parfois renoncé à se traiter faute d’efficacité doivent retrouver l’espoir.
Propos recueillis par Christine Fallet
Photo : © Almirall / DR
Articles extraits du dossier Grand Angle spécial Dermatologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 3 décembre 2025.












