Pédiatrie : faire face à l’épidémie de diabète de type 1 (DT1) chez les enfants

Président de l’association Aide aux Jeunes Diabétiques (AJD), le Dr Marc de Kerdanet appelle à mieux faire connaître les spécificités du DT1 chez l’enfant, une maladie en forte progression.

L’incidence croissante du diabète de type  1, en particulier chez les enfants et les adolescents, constitue un motif majeur de préoccupation pour la communauté médicale. « Santé publique France évalue à 4 % par an la hausse de l’incidence des cas de DT1 pédiatrique depuis le début des années 2000 », s’inquiète le Dr Marc de Kerdanet. Près de 30  000 jeunes de moins de 15 ans seraient touchés en France, et on estime que le nombre de cas a doublé en quinze ans. Ces chiffres spectaculaires sont à rapprocher des 2  % de croissance de l’incidence du diabète de type  2, évolution qualifiée d’épidémie. La majorité des enfants sont diagnostiqués à l’occasion de situations qui peuvent être graves. Dans près de 1 cas sur 2, ils sont en acidocétose, avec 15  % de formes sévères pouvant aller jusqu’au coma avec un risque vital.

Sensibiliser aux signes d’alerte

L’âge moyen au diagnostic a baissé, passant de 12 à 8 ans. « Cela pose le défi d’adapter la prise en charge de la maladie, car les conditions d’initiation d’un traitement ne sont pas les mêmes pour un petit enfant que pour un jeune adolescent », souligne le Dr Marc de Kerdanet. L’AJD plaide pour un diagnostic plus précoce.

« Certains pays ont fait le choix d’un dépistage systématique, seul un dépistage chez des proches de DT1 est en cours d’organisation en France, précise le spécialiste. Nous recommandons de sensibiliser les parents aux signes d’alerte justifiant de consulter un médecin, comme l’envie fréquente d’uriner, l’énurésie ou la soif intense. » La mesure de la glycémie permet un diagnostic simple, nécessitant l’hospitalisation immédiate dans un service spécialisé. « Plus le diagnostic est précoce, plus on réduit le risque d’acidocétose, mais également les complications à long terme », observe le Dr Marc de Kerdanet.

À l’écoute du jeune patient

L’avènement de la boucle fermée hybride transforme la vie des patients DT1. «  C’est aujourd’hui le traitement de référence, qui offre l’espoir d’une vie plus facile, à condition de bien gérer sa maladie », confirme le médecin. Chez les enfants et leur entourage, cela ne va pas toujours de soi. « Les soignants doivent rester attentifs aux préférences des jeunes patients et de leurs parents. Il faut, par exemple, accepter qu’un adolescent refuse la boucle semi-fermée ou décide de l’arrêter. Nous devons respecter et accompagner ce choix, dans une décision médicale partagée envisageant d’autres modalités de prise en charge de la maladie », conclut-il.

Antoine Largier


Photo : © AJD / DR

Article extrait du dossier Grand Angle spécial Diabète réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 15 novembre 2025.