
Pr Antoine Pelissolo médecin psychiatre, chef de service au CHU Henri-Mondor
Face à la forte prévalence des troubles psychiques et à la dégradation de l’offre des soins en psychiatrie, nous n’avons plus le choix. Il faut, impérativement, favoriser le développement des psychothérapies, faciliter leur accès à l’ensemble des Français concernés et sensibiliser la population pour qu’elle soit en mesure d’y recourir de façon précoce. La Grande Cause nationale, que nous avons été nombreux à appeler de nos vœux, permet, en 2025, de contribuer à dé-stigmatiser la santé mentale dans la société. Il était temps : en dépit de leur fréquence – chaque Français peut être concerné pour lui-même ou ses proches durant son existence – les troubles psychiatriques restent un facteur d’isolement et d’exclusion. Les campagnes d’information sont très utiles, mais il faut aller plus loin, en obtenant en particulier des pouvoirs publics qu’ils permettent le remboursement de l’ensemble des psychothérapies. Un premier pas a été fait avec le dispositif Mon soutien psy, récemment renforcé. Mais il ne s’adresse qu’aux situations de souffrance psychique d’intensité légère à modérée et ne permet pas des thérapies complètes et suffisamment longues pour les troubles plus sévères. Aujourd’hui, les preuves d’efficacité de certaines techniques de psychothérapie ne sont plus à faire. C’est le cas, par exemple, des thérapies cognitivo-comportementales, de la psychothérapie interpersonnelle, des thérapies dites EMDR
(Eye movement desensitization and reprocessing),
ou encore des approches systémiques. D’une manière générale, la psychothérapie vise, par le biais de séances avec un professionnel détenteur d’un diplôme reconnu par l’Etat, à améliorer l’état psychique d’une personne et même souvent à la libérer de ses troubles, par exemple les troubles anxieux ou les risques de rechute de dépression. Elle s’appuie sur des cadres théoriques clairs, notamment les neurosciences et les sciences humaines, et sur des principes éthiques comme la bienveillance, la transparence, ou l’autodétermination du patient. Les psychothérapies sont en constants progrès et évolution et s’intègrent aujourd’hui parfaitement aux prises en charge psychiatriques, avec ou sans médicaments. Il est donc essentiel de lever les obstacles financiers à leur accès pour le plus grand nombre.
Photo © J.-M. Moglia / DR
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Santé mentale réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 11 octobre 2025.