Pr Bernard Iung, président de la SFC
Pr Ariel Cohen, président de la Fondation Cœur et Recherche
On le sait, le système de santé français excelle par la qualité des soins qu’il délivre aux patients. Mais notre pays reste peu performant en matière de prévention, qu’elle soit primaire ou secondaire. Et les pathologies cardio-neuro-vasculaires, par leur prévalence, illustrent ces carences, alors qu’une part non négligeable d’entre elles sont évitables. En France, en 2021, 5,3 millions de personnes vivaient avec une maladie cardiovasculaire, 8,4 millions étaient traitées pour une hypertension artérielle, 4,2 millions pour un diabète. Ces maladies pèsent lourdement sur les dépenses de santé : 19,4 milliards d’euros y sont consacrés chaque année. Et elles sont à l’origine de 140 000 décès par an, soit la deuxième cause de mortalité après le cancer.
Derrière ces chiffres, c’est un enjeu capital pour la santé publique : avec le vieillissement de la population, nous devons fortement progresser dans la prévention des risques, afin de réduire l’incidence des pathologies cardio-vasculaires pour les générations à venir. Outre le financement de la recherche par sa Fondation Cœur et Recherche, la Société française de Cardiologie travaille actuellement aux côtés d’un député, Yannick Neuder, lui-même cardiologue, pour porter une proposition de loi en ce sens. Notre idée est de promouvoir, auprès de la population, les bons gestes à respecter pour protéger sa santé cardiovasculaire. Sept « indispensables » sont à privilégier au quotidien : éviter le tabagisme, soigner sa pression artérielle, contrôler son poids, surveiller sa glycémie, s’alimenter de façon équilibrée, bien gérer son cholestérol, pratiquer une activité physique… Le défi, c’est de convaincre l’opinion que ces paramètres peuvent être intégrés facilement dans la vie de tous les jours, sans efforts excessifs. Il revient aux pouvoirs publics de mobiliser l’ensemble de la communauté des soignants pour qu’ils relaient les bons messages auprès des patients qu’ils rencontrent tous les jours. La santé cardiovasculaire doit notamment devenir un axe clé des rendez-vous de prévention prévus par la loi.
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Cardiologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 30 septembre 2024.