Mieux se connaître

Mesurer son activité physique, comprendre son alimentation… Plus le patient se connaît, mieux il contrôle sa maladie. Une conviction du Pr Agnès Hartemann, Chef du Service de diabétologie du Groupe Hospitalier Pitié-Salpêtrière.

« Mesurer la glycémie, injecter l’insuline, pour les patients diabétiques insulino-dépendants, l’innovation s’accélère depuis quelques années avec des pompes d’insuline qui se miniaturisent et des patchs sur la peau qui mesurent en continu le niveau de glucose. Cependant, les trois-quarts des diabétiques ne sont pas insulino-dépendants et de nombreux outils se développent afin qu’ils changent leurs habitudes de vie et qu’ainsi, ils retardent voire qu’ils évitent l’insulinodépendance. Deux éléments doivent être prioritairement pris en compte : l’activité physique et l’alimentation. Beaucoup de projets sont en développement autour de systèmes d’aide à la motivation. Pour les patients les plus technophiles, cela va du podomètre pour mesurer son nombre de pas par jour et l’augmenter, jusqu’à l’assiette connectée qui pèse les aliments et mesure la vitesse à laquelle ils sont ingérés. L’idéal serait que par une simple photo de l’assiette le patient puisse savoir la quantité de sucres et de gras qu’il s’apprête à manger et calculer ainsi ce qu’il peut s’autoriser jusqu’à la fin de la journée. Quant à l’activité physique, ce qui manque pour les patients, ce sont des relais en ville de ce qui est initié à l’hôpital pour se remettre à l’activité physique en groupes. C’est essentiel d’autant plus que peu de médicaments retardent la progression de la maladie.

Les Pouvoirs Publics ont bien pris la mesure des enjeux médicaux et économiques posés par le diabète, maladie liée en partie au vieillissement de la population. Cependant, des améliorations au niveau de l’information des professionnels de santé et des patients pourraient éviter des complications, en particulier celles liées à la neuropathie diabétique. En effet, cette perte de sensibilité des nerfs de contact peut empêcher la perception de blessures au niveau des pieds, qui peuvent alors se compliquer et, si elles ne sont pas soignées à temps, mener parfois à l’amputation (8000 cas par an). En 2013, ce sont ainsi 28 000 plaies graves du pied chez des diabétiques qui ont entrainé une hospitalisation. Or, il suffirait d’un meilleur dépistage de la neuropathie pour être suivi ensuite attentivement par un podologue qui sait quoi faire pour prévenir l’apparition des plaies. D’ailleurs, l’Assurance Maladie rembourse en présence d’une neuropathie jusqu’à six visites chez le podologue par an. J’invite donc les patients à demander à leur médecin leur grade de risque de plaies du pied afin de se placer dans une approche de prévention vis-à-vis de ces complications. »