Maladies cardiométaboliques : un nouvel acteur clé de la recherche clinique

Directrice du département des Opérations Cliniques de Novo Nordisk France, Anne Kimmerling Ricolfi-Bouvelle détaille les ambitions de la filiale, nouveau Centre de Développement Clinique de référence pour le groupe.

Historiquement engagé dans le diabète, le groupe Novo Nordisk s’est beaucoup diversifié en cinq ans, devenant un acteur clé de l’innovation en santé. Comment cela se traduit-il dans le champ de la recherche clinique ?

Le groupe vit une profonde transformation ; il renforce son expertise et sa recherche dans les maladies dites cardiométaboliques. Novo Nordisk a tout naturellement commencé à explorer ce vaste champ il y a déjà plusieurs années, lorsque ses recherches dans le diabète et l’obésité ont mis en évidence que plusieurs organes (cœur, foie, rein…) étaient impactés par ces maladies et que seule une approche holistique pourrait permettre de nouvelles avancées dans la prise en charge. Aujourd’hui, nous investissons massivement dans la recherche clinique et nos ambitions sont très fortes : augmenter de façon importante le nombre de patients inclus sans rallonger la durée de nos études, raccourcir la durée de nos développements cliniques pour que les innovations arrivent plus rapidement jusqu’aux patients. En 2023, 14 % du chiffre d’affaires a été réinvesti dans la R & D, une hausse de 35 % par rapport à 2022. L’an dernier, nous menions 169 essais cliniques dans 6 100 centres investigateurs à travers le monde, soit plus de 40 000 patients. Le chemin parcouru en cinq ans est considérable : en 2019, 13 000 patients étaient inclus dans nos essais. Et nous n’allons pas nous arrêter là : notre ambition est d’atteindre plus de 80 000 patients en 2028. La moitié de ces études sera hors diabète et obésité, ce qui reflète la diversification croissante de notre pipeline de molécules.

Ce qui nous distingue, c’est une équipe interne à l’entreprise agile et solide, composée de collaborateurs enthousiastes qui réalisent l’ensemble des activités de recherche clinique.

Quelle est la place de la France dans ce nouvel objectif en matière de R & D ?

Elle est centrale. Jusqu’à récemment, c’est dans les études cliniques en diabétologie et dans les maladies rares que la France était bien positionnée. Depuis début 2024, la filiale française est devenue un Centre de Développement Clinique de référence pour le groupe. J’ai la chance de diriger une équipe de 35 personnes, contre à peine une dizaine il y a cinq ans, et nous devrions être 50 en fin d’année. Une montée en puissance nécessaire pour atteindre nos objectifs : que la France soit pays de référence dans la conduite de la totalité des études cliniques du groupe, doubler le nombre d’essais et accroître le nombre de patients inclus. En effet, comparativement au diabète, les études de cardiologie nécessitent de recruter plus de patients. Notre enjeu est que la filiale française contribue très activement au développement des futures solutions thérapeutiques dans plusieurs pathologies : stéatohépatite associée à un dysfonctionnement métabolique (MASH), maladie rénale, insuffisance cardiaque, maladie d’Alzheimer… Dans les maladies rares, nous conduisons des essais, notamment dans l’hémophilie et les troubles de la croissance, et nous nous ouvrons à d’autres pathologies telles que la drépanocytose.

Comment vous organisez-vous pour relever ces défis avec succès ?

Ce qui nous distingue, c’est une équipe interne à l’entreprise agile et solide, composée de collaborateurs enthousiastes qui réalisent l’ensemble des activités de recherche clinique. C’est un atout majeur pour maîtriser toutes les étapes dans le respect des bonnes pratiques cliniques et du planning, pour être à l’écoute de chaque médecin investigateur et nous assurer que tout est fait selon les critères de qualité les plus exigeants pour les patients participant aux essais. Les échanges avec les investigateurs sont particulièrement importants, car ce sont eux qui se familiarisent en premier avec le mécanisme d’action des nouvelles molécules et ce plusieurs années avant leur arrivée. Le rôle de nos Attachés de Recherche Clinique, majoritaires dans l’équipe, est déterminant pour accompagner les investigateurs dans la conduite des études. Un support scientifique et médical est également apporté par une équipe spécifique.

La filiale française est donc au cœur des ambitions du groupe, malgré une attractivité de la France pour les essais cliniques plutôt en recul ?

Il est certain que notre pays est en perte d’attractivité en matière de recherche clinique. La France occupe la 3e place en Europe, derrière l’Espagne et l’Allemagne. Cependant, l’excellence des centres investigateurs et des médecins français reste un atout. Aujourd’hui, Novo Nordisk est davantage reconnu en France pour son empreinte industrielle ; dans quelques années, nous voulons aussi l’être pour notre contribution à redynamiser la recherche clinique.

Stéphane Corenc


Une fondation actionnaire qui stimule la recherche internationale

Antibiorésistance, intelligence artificielle, transition écologique… Autant de sujets majeurs pour lesquels Novo Nordisk Fonden, la fondation actionnaire qui détient Novo Nordisk, soutient des programmes de recherche. En 2023, elle a accompagné 751 projets.


Article extrait du dossier Grand Angle spécial Innovation en santé réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 20 avril 2024.

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