Grâce aux traitements les plus récents, la dégradation de la fonction rénale n’est plus une fatalité. Mais le repérage précoce de la maladie reste la clé pour une prise en charge optimisée.
Entre 7 % et 10 % des Français sont concernés par une maladie rénale. Mais beaucoup ne le savent pas. La maladie rénale chronique (MRC) est une pathologie insidieuse, évolutive, aux conséquences potentiellement graves pour le patient. A défaut de symptômes spécifiques, elle est malheureusement découverte, le plus souvent, à un stade avancé.
Destinés à filtrer le sang, les reins veillent à maintenir constante la composition du sang, à produire des hormones et des vitamines comme la vitamine D et à contrôler la tension artérielle. En cas de maladie rénale, l’accumulation de substances nocives pour l’organisme se traduit par un dysfonctionnement progressif des reins, pouvant aller jusqu’au stade le plus sévère : l’insuffisance rénale chronique terminale, qui oblige le patient à subir, plusieurs fois par semaine, des séances de dialyse. Environ 100 000 personnes sont aujourd’hui atteintes d’insuffisance rénale terminale, dont 53 000 traités par dialyse et 47 000 qui ont pu bénéficier d’une greffe de rein. Trois pathologies chroniques sont, en général, associées à la dégradation de la fonction rénale : l’hypertension artérielle (HTA), le diabète et l’obésité. Cependant, d’autres causes peuvent en être à l’origine, comme certaines maladies auto-immunes, le tabagisme, la pollution atmosphérique ou encore des accidents médicamenteux. La prise en charge de la MRC consiste d’abord à traiter les maladies associées. Développées dans le diabète, de nouvelles classes de médicaments sont arrivées sur le marché ces dernières années. En agissant sur l’équilibre de la glycémie, ainsi que sur la perte de poids, ces médicaments offrent des avancées majeures pour la préservation de la fonction rénale. Aujourd’hui, les spécialistes espèrent, dans dix à quinze ans, pouvoir réduire drastiquement la nécessité du recours à la dialyse.
En 2025, à l’occasion de la Semaine nationale du Rein, l’accent est, une nouvelle fois, mis sur l’urgence d’un dépistage massif et systématique de la MRC. Un repérage précoce, en particulier pour les patients atteints d’une HTA, d’un diabète ou d’obésité, reste la clé pour stabiliser le risque de progression de la maladie. Une fiche de sensibilisation, destinée aux médecins généralistes et conçue par France Rein et le Conseil national de Néphrologie, vise à leur permettre d’échanger avec leurs patients sur la maladie rénale, de les motiver à se faire dépister et de veiller à leur suivi médical dans le domaine de la néphrologie. Facile à réaliser, le dépistage repose sur la mesure du rapport entre albumine et créatinine dans le sang.
Stéphane Corenc
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Néphrologie réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 9 mars 2025.