Avec 355 000 nouveaux cas de cancers par an en France, et 148 000 décès, les cancers restent un des enjeux médicaux majeurs de notre pays. Les différents Plans nationaux ont mis en place des réseaux hospitaliers et de recherche de pointe. Des atouts à renforcer.

Le lancement du troisième Plan Cancer en février 2014 a montré la volonté des Pouvoirs Publics de continuer à avancer dans la prise en charge des cancers autant au niveau des soins, de la qualité de vie que de la prévention. Cette prise en charge a fortement évolué et les pronostics ont été transformés dans certains cancers, avec notamment l’apparition des thérapies ciblées au début des années 2000. Le grand congrès international ASCO (American Society of ClinicalOncology)qui aura lieu du 29 mai au 2 juin 2015 à Chicago devrait encore leur faire la part belle. Ces thérapies, où le traitement est donné en fonction du profil moléculaire de la tumeur,représentent déjà en France près de 71 % des dépenses d’anticancéreux (inscrits sur la liste en sus) pour le secteur public et 82 % pour le secteur privé commercial.Entre 2004 et 2012, 38 nouveaux médicaments anticancéreux, dont 16 thérapies ciblées, sont entrés dans les protocoles de soins.

D’autres approches portent en elles beaucoup d’espoirs pour les patients qui ne bénéficient pas encore de solutions thérapeutiques efficaces.Ces dernières années, l’immunothérapie prend de plus en plus d’importance dans les axes de recherche des équipes privées et publiques.Il s’agit d’utiliser le système immunitaire du patient, de le « réveiller » afin qu’il attaque les cellules cancéreuses. En effet, ces cellules présentent des mécanismes d’échappement du système immunitaire, qui leur permettent de ne pas être reconnues par ce système de défense de l’organisme, et de pouvoir ainsi de multiplier et envahir les tissus. Des médicaments ayant la capacité de bloquer ces signaux d’aveuglement rendraient ces cellules anormales de nouveau visiblespar le système immunitaire, qui pourrait ainsi déclencher leur destruction. Un nouveau champ thérapeutique s’ouvre, à spectre plus large que les thérapies ciblées.

La cancérologie est un des points forts de la France. Dans les congrès scientifiques, la France fait partie des grands pays contributeurs par le nombre d’études présentées. La création de l’INCA (Institut National du Cancer) en 2005 a permis de mettre sur pied des réseaux de recherche et de diagnostic, avec notamment ses 28 plateformes de génétiques moléculaires permettant de réaliser le profil génétique des tumeurs des patients. Actuellement, celles-ci disposent d’un catalogue de 60 tests dont 11 permettant l’accès à des thérapies ciblées disposant d’une autorisation de mise sur le marché. En 2012, 171 500 patients ont bénéficié d’un test moléculaire. Au-delà d’identifier une séquence génétique particulière, la tendance est aujourd’hui d’explorer le séquençage complet de l’ADN de la tumeur. L’un des objectifs du Plan cancer III est d’arriver au séquençage complet de 60.000 tumeurs.

Autre mesure du Plan actuel, la labellisation de 13 intergroupes coopérateurs de recherche devrait multiplier par deux le nombre de patients inclus dans les essais cliniques thérapeutiques, environ 44 000 aujourd’hui.La qualité de cette recherche et les structures en place en France, tels les IHU,sont des éléments essentiels pour garder une dynamique d’innovation. Et donner toutes les chances à chaque patient.

Anne Pezet pour CommEdition.