Afin de transmettre directement les vibrations sonores dans l’oreille interne, des implants sont développés depuis près de 40 ans. Le Pr Vincent Darrouzet, chef du service ORL, CHU de Bordeaux, relate les différentes innovations dans ce domaine.
« De nombreuses innovations sont aujourd’hui à disposition pour traiter la déficience auditive. Au travers de leurs évolutions technologiques et de l’élargissement de leurs indications, les implants d’oreille moyenne en sont un excellent exemple. Ces implants transforment véritablement la vie des patients. Le principe en est simple. Lorsque la chaîne vibratoire, du conduit auditif externe à l’oreille interne, est rompue, qu’il n’y a pas de solution chirurgicale pour la restaurer ou bien que ces solutions n’ont pas donné le résultat escompté, un implant vibratoire enverra directement les signaux à l’oreille interne sans passer par le tympan et les osselets. Il est à même de restaurer une audition normale. Une seule exigence : que l’oreille interne soit valide.
Le premier appareillage à ancrage osseux passif date de 1977. Il est encore utilisé aujourd’hui. Une vis en titane passive est implantée dans l’os, traversant la peau quelques centimètres en arrière de l’oreille, vis sur laquelle est clipsé l’appareil auditif. Les vibrations suscitées, transmises dans l’os, impressionnent directement l’oreille interne. Afin d’éviter cette transfixion de la peau source d’intolérance cutanée et gène cosmétique, un couplage magnétique entre la prothèse auditive et la vis positionnée dans l’os a récemment été imaginé.
Des implants actifs sont également disponibles : il peut s’agir d’un mini-vibrateur électromagnétique pincé sur l’étrier par exemple pour les enfants nés sans conduit auditif externe mais avec un étrier et une oreille interne intacts, ou encore d’un implant vibrant vissé dans la mastoïde. C’est la pathologie sous-jacente et le niveau auditif qui guideront le médecin dans le choix de l’implant le plus indiqué, passif ou actif, en sachant que son remboursement par l’assurance maladie est faible ou absent suivant le modèle. Pour les otites chroniques les plus sévères seul l’ancrage osseux passif est possible. A l’inverse, dans le cas d’une malformation congénitale de l’enfant, systèmes actifs ou passifs sont tout aussi efficace…
La sophistication croissante de ces implants de l’oreille moyenne, qui ne concernent au final que peu de patients, même s’ils sont en nombre croissant, montre bien le travail réalisé par les ingénieurs qui font face à un nouveau défi posé par l’exigence des patients: rendre ces systèmes invisibles. »