Plus que jamais impliqué dans la lutte contre le cancer, le laboratoire Pfizer affûte sa stratégie pour répondre aux enjeux actuels et futurs dans le domaine de l’oncologie. Entretien avec Jérôme Mouminoux, Directeur du département Oncologie de Pfizer France, et le Dr Jérôme Krulik, Directeur médical Oncologie Pfizer France.
Quelle place l’oncologie tient-elle dans la stratégie de Pfizer ?
Jérôme Mouminoux La prise en charge du cancer a considérablement évolué ces trente dernières années et la perspective de guérir certains types de cancer est aujourd’hui une réalité. Participer à cette mission de santé publique qu’est la lutte contre le cancer est une priorité absolue pour notre laboratoire. Nous en faisons une orientation stratégique forte, fondée sur notre expertise en recherche et développement bâtie depuis plus de deux décennies. Nos domaines d’action comprennent les cancers du sein, les cancers génito-urinaires (prostate et vessie), les cancers hématologiques (myélome multiple, leucémies, lymphomes) et les cancers thoraciques (poumon). Pfizer a fait l’acquisition récente de Seagen, leader mondial des conjugués anticorps-médicament (antibody-drug conjugates, ADC), ce qui nous place aujourd’hui à l’avant-garde de la recherche en oncologie. Notre portefeuille actuel est constitué de 19 médicaments et présente divers mécanismes d’action pour combattre le cancer sous de multiples aspects. Par ailleurs, nous développons plus de 25 nouvelles options thérapeutiques pour les cinq prochaines années, qu’il s’agisse de nouvelles indications pour des médicaments existants ou de l’introduction de traitements innovants(1). Notre ambition : doubler la survie globale des patients atteints des cancers les plus mortels d’ici à 2040, tout en améliorant leur qualité de vie de manière significative. Notre leitmotiv : investir en recherche dans des domaines où il n’y a pas ou très peu de solutions thérapeutiques pour les malades.
Le congrès annuel de l’Asco, grand rendez-vous annuel des chercheurs du monde entier dans le domaine de l’oncologie, a lieu dans quelques jours. Sous quelle forme Pfizer y participera-t-il ?
Jérôme Krulik Notre présence sera forte cette année encore, avec plus de 50 résumés d’études sélectionnés – dont 11 présentations orales(2). Pfizer présentera de nouvelles données dans ses trois principaux domaines d’intérêt spécifiques en matière de tumeurs. En oncologie thoracique, nous exposerons des données mises à jour à cinq ans dans le cancer du poumon non à petites cellules avec mutation ALK et un ADC expérimental prometteur pour le traitement du cancer du poumon non à petites cellules. Dans le cancer du sein, nous présenterons des résultats d’études sur deux traitements approuvés dans le cancer du sein métastatique HR+/HER2– et dans le cancer du sein métastatique HER–2+, ainsi que sur des candidats médicaments de prochaine génération. Dans les cancers génito-urinaires, nous montrerons des données renforçant les traitements approuvés du cancer urothélial avancé/métastatique et du cancer métastatique de la prostate résistant à la castration.
Pfizer investit significativement dans la recherche sur les cancers thoraciques. Pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet ?
J. K. Le cancer du poumon reste la première cause de décès par cancer dans le monde(3) et en particulier en France, avec 33 100 décès en 2018, dont deux tiers chez les hommes(4). Jusqu’à 75 % de ces cancers sont diagnostiqués à un stade avancé ou métastatique et leur pronostic reste sombre, avec un taux de survie à cinq ans d’à peine 20 %(5,6). Par ailleurs, le cancer pulmonaire est le premier pourvoyeur de métastases cérébrales, dont la prévalence peut atteindre 50 % des cancers bronchiques à non petites cellules(7). Ces dernières années ont été le théâtre d’avancées majeures en termes d’identification de nombreux sous-types de cancer du poumon, mettant au jour des typologies particulières difficilement traitables par les traitements conventionnels, mais dont certaines sont porteuses d’anomalies génétiques pouvant être des cibles pour de nouvelles thérapies. Le cancer du poumon est donc une priorité pour Pfizer, qui investit massivement dans la recherche et le développement de produits innovants à différents modes d’actions tels que les conjugués anticorps-médicament, l’immunothérapie et une nouvelle génération de petites molécules. Concernant ces dernières, l’innovation est de taille, car elle représente une nouvelle version d’anti-ALK (ou inhibiteurs de tyrosine kinase), capables d’atteindre plus facilement le cerveau, ce qui permet désormais de prévenir l’apparition de métastases cérébrales ou d’en retarder les effets. L’enjeu est essentiel, car il en résulterait une amélioration importante de la qualité de vie des patients et une prolongation de leur survie.
Sandrine Guinot-Mosetti
1) Données internes, avril 2024.
2) Données internes, avril 2024.
3) OMS : Cancer, publié le 2 février 2022, disponible sur le site de l’OMS.
4) INCa : Panorama des cancers, édition 2023.
5) Debieuvre D. et al. : Evolution en dix ans du cancer bronchique non à petites cellules en fonction du sexe. Résultats de l’étude KBP-2010-CPHG du Collège des pneumologues des hôpitaux généraux. Rev. Mal. Respir. 2014;31(9):805–16.
6) INCA : le cancer du poumon Maj : 4/7/2023, disponible sur le site de l’INCa.
7) Simon E. : La prise en charge des métastases cérébrales du cancer bronchique. Revue des maladies respiratoires actualités. 2020. 12,2S233-2S242.
Article extrait du dossier Grand Angle spécial Cancer réalisé par CommEdition, parution dans Le Monde daté du 1er Juin 2024.
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Photo : © Pfizer France / DR – © Grégory Brandel – Pfizer / DR